Le plaisir et la douleur, la vie et la mort : l’artiste Nika Sandler explore nos dents avec passion

Allongée sur la chaise du dentiste, en pleine extraction d’une dent de sagesse, Nika Sandler a eu le temps de s’égarer dans le tournis de cette “expérience étrange” et de ses pensées : “D’un côté, c’était effrayant et physiquement désagréable ; mais d’un autre côté, je ressentais un plaisir clair, doté d’un érotisme certain”, nous relate-t-elle. La bouche grande ouverte, occupée par les gestes de la dentiste, l’artiste se remémore des souvenirs d’enfance où elle se grattait les gencives jusqu’à se faire mal et, finalement, “ressentir une douce libération”.

Nika Sandler se “fascine” alors pour les dents : elle regarde les images dentaires de Torbjorn Rodland et s’intéresse à Bérénice, nouvelle d’Edgar Allan Poe dans laquelle “le protagoniste développe une obsession maniaque pour les dents de sa cousine”. Décidée à proposer sa propre interprétation visuelle du symbolisme dentaire, elle a imaginé une série de photos qui prennent les dents comme “un témoignage de l’expérience humaine” : “Je me suis plongée dans le monde sensuel et émotionnel qu’elles révèlent. Et j’ai aussi essayé d’aller au-delà des perceptions humaines en étudiant la plaque dentaire et des images créées par ordinateur”.

À l’image de sa série précédente réalisée sous l’emprise de calmants, Nika Sandler crée des images infusées de surréalisme, qui interrogent les limites entre rêve et réalité, entre plaisir et dégoût, entre vivant et mortel. Les photographies nous demandent de les regarder à deux fois, de laisser nos ressentis se métamorphoser et d’accepter la plasticité de ce qu’on prend pour acquis. 

Vous pouvez retrouver le travail de Nika Sandler sur son compte Instagram.