Le procès d’Alec Baldwin pour homicide involontaire est annulé pour vice de procédure

Le procès d’Alec Baldwin pour homicide involontaire est annulé pour vice de procédure

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

La juge a annulé le procès pour rétention de preuve, en dénonçant un comportement "proche de la mauvaise foi" de la part de l’accusation.

Coup de théâtre pour Alec Baldwin : son procès pour homicide involontaire sur le tournage du film Rust a été annulé vendredi à cause d’un vice de procédure, car le parquet n’a pas transmis des balles en lien avec l’affaire à la défense.

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La juge Mary Marlowe Sommer a annulé le procès pour rétention de preuve, en dénonçant un comportement “proche de la mauvaise foi” de la part de l’accusation. Alec Baldwin a immédiatement fondu en larmes dans les bras de sa femme, Hilaria. L’acteur de 66 ans risquait jusqu’à 18 mois d’emprisonnement pour ce drame survenu en octobre 2021 au Nouveau-Mexique.

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Sur le tournage de Rust, la star avait brandi une arme censée ne contenir que des balles à blanc mais qui avait tiré un projectile bien réel. Le tir avait tué la directrice de la photographie Halyna Hutchins, et blessé le réalisateur Joel Souza. Marquée par de nombreuses faiblesses et rebondissements, l’enquête n’a jamais établi comment des balles réelles, absolument interdites sur un tournage, ont terminé sur le plateau de Rust.

Balles dissimulées

Vendredi, ses avocats ont accusé frontalement la police d’avoir “enterré” des preuves permettant d’expliquer le drame. Car en début d’année, deux ans et demi après les faits, le shérif de Santa Fe a reçu un lot de balles de la part d’un ancien policier, affirmant que ces munitions correspondaient à la balle ayant tué Mme Hutchins. De quoi potentiellement établir son origine et préciser les responsabilités de chacun dans la tragédie.

Or, ces balles n’ont jamais été transmises à la défense, qui n’a pas pu les faire examiner. Selon l’accusation, ces balles ne correspondent pas à celle qui a pris la vie de Mme Hutchins, une prometteuse directrice de la photographie de 42 ans, originaire d’Ukraine. “C’est une fausse piste”, a assuré la procureure Kari Morrissey. “Cela n’a aucune valeur probante.”

Mais la parquetière a paru très mal à l’aise pour expliquer pourquoi ce lot de balles n’a pas joué un plus grand rôle dans l’enquête. “Je ne les ai jamais vues jusqu’à ce matin”, a-t-elle expliqué à la juge, nerveuse. Le témoignage d’une enquêtrice vendredi a pourtant fait apparaître qu’elle était présente lors des discussions au cours desquelles il a été décidé de ne pas verser ces balles au dossier Rust. Dans une tentative désespérée pour sauver son affaire, la procureure a ensuite accepté d’être interrogée comme témoin devant le tribunal. Mais elle n’a pas fourni d’explications suffisantes pour motiver son refus d’informer la défense.

L’accusation, discréditée

Avant ce procès, les avocats de M. Baldwin avaient déjà multiplié les recours pour obtenir son annulation. L’acteur a toujours expliqué qu’on lui avait assuré que l’arme était inoffensive, et nie avoir appuyé sur la détente.

Le drame avait choqué Hollywood, tout comme la décision de poursuivre M. Baldwin. Car selon les directives de l’industrie, un acteur n’est pas responsable de vérifier lui-même qu’une arme est inoffensive. Mais le parquet arguait qu’il avait cette responsabilité devant la loi, et l’accusait d’avoir eu un comportement erratique sur le tournage, au mépris des règles élémentaires de sécurité.

Techniquement, l’annulation de son procès n’éteint pas totalement les possibilités de poursuites, a expliqué à l’AFP Carl Tobias, professeur de droit à l’université de Richmond. Mais en pratique, le comédien a très peu de chances de se retrouver à nouveau devant un tribunal, selon lui.

“Les procureurs pourraient essayer d’une manière ou d’une autre de monter un appel extraordinaire”, a-t-il détaillé. “Mais je ne pense pas qu’une cour d’appel soit d’accord avec la procureure.” Le parquet ressort complètement discrédité, selon Chris Melcher. “Il est vraiment surprenant qu’une telle erreur ait été commise. Je suis tout simplement abasourdi”, confie à l’AFP cet avocat de Los Angeles. Selon lui, ces nouvelles révélations pourraient bénéficier à d’autres personnes condamnées dans cette affaire, l’armurière de Rust, Hannah Gutierrez-Reed, et l’assistant réalisateur Dave Halls.

Mme Gutierrez-Reed, qui avait mis la balle meurtrière dans le pistolet utilisé par l’acteur, a été condamnée à 18 mois d’emprisonnement en avril. Une peine dont elle a fait appel. M. Halls avait tendu l’arme à M. Baldwin, en lui assurant qu’elle était inoffensive. Il avait accepté de plaider coupable pour éviter un procès, et avait écopé de six mois de prison avec sursis.