Les mondes d’hier et de demain se télescopent dans une expo apocalyptique

Les mondes d’hier et de demain se télescopent dans une expo apocalyptique

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© Anne Imhof, Courtesy of the artist, Sprüth Magers and Galerie Buchholz

Des textes chrétiens au mythe collectif, la Bibliothèque nationale de France fait la lumière sur l’apocalypse.

Dans l’imaginaire collectif, l’apocalypse est la fin du monde : un effondrement, une explosion monumentale, une catastrophe climatique, une épidémie mondiale. Ce que l’on oublie souvent, c’est la partie qui suit : tandis qu’un monde s’achève, un autre se dévoile, prenant place sur les cendres du précédent. Moins effrayante qu’elle n’y paraît, l’apocalypse est en réalité porteuse d’espoir et de renouveau. Avec son exposition sobrement intitulée “Apocalypse, Hier et demain”, visible jusqu’au 8 juin 2025, la BNF nous rappelle le sens de ce terme d’origine grecque repris par les chrétiens et met l’exergue sur le dévoilement fracassant de mondes nouveaux.

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“D’Arthur Rimbaud à Antonin Artaud, d’Unica Zürn à Laurent Grasso, poètes et artistes ont souvent repris, au sein ou hors du contexte religieux, cette position de vigie ou de voyant, au-delà du monde voilé des apparences” détaille l’institution parisienne. Du Moyen Âge à nos jours, la BNF met l’exergue sur l’imaginaire de cette catastrophe positive, en commençant par le texte de l’Apocalypse.

Fragment de la Tapisserie de l’Apocalypse : Quatrième flacon versé sur le soleil, Carton de Hennequin de Bruges, dans l’atelier de Nicolas Bataille, par le lissier Robert Poincon. Paris, vers 1373-1380. Propriété de l’État, Direction régionale des affaires culturelles des Pays-de-Loire. © Bernard Renoux / Centre des monuments nationaux

Si l’identité de l’auteur du dernier livre du Nouveau Testament fait toujours l’objet de doutes, celle-ci est largement attribuée à Jean de Patmos, aussi appelé Jean le Visionnaire. À travers des manuscrits, enluminures, tentures, peintures et sculptures, l’exposition effectue un bond de 2000 ans dans le passé, au cœur du texte le plus célèbre et complexe de l’Occident.

Après la douleur, la lumière

Des toiles d’Albrecht Dürer à la Renaissance aux œuvres monumentales et monochromes d’Abdelkader Benchamma en passant par Melancholia de Lars von Trier, “Apocalypse” dresse un panorama non exhaustif de la fascination des artistes pour ce thème. Sans jamais, évidemment, évidemment, se limiter au genre post-apocalyptique popularisé par la littérature et le cinéma. La seconde partie se concentre ainsi sur le temps des catastrophes, qui voit le monde se disloquer pour se transformer en enfer : l’occasion de redécouvrir Los Desastres de la guerra de Francisco de la Goya ou encore Jüngster Tag [Le Jour du Jugement dernier] de Kandinsky, les lithographies de guerre de Natalia Gontcharova.

Fritz Lang (1890-1976), Metropolis,1927. Photographie de plateau de Horst von Harbou. Cinémathèque française – Musée du Cinéma, Paris, France

Aux monstres et à la douleur, succède enfin le “Jour d’Après” et le nouveau monde lumineux qui se dévoile, auquel l’exposition consacre une troisième partie. “C’est autour de ce jour d’après que se construisent les fictions et représentations les plus inventives, qui, d’une certaine manière, restent fidèles à l’Apocalypse, en concevant la catastrophe comme le prélude à un nouvel ordre du monde” détaille l’institution. Une exposition plus positive qu’il n’y paraît, pour redécouvrir les origines de ce mythe collectif et les influences du texte chrétien dans l’art à travers l’Histoire.

“Apocalypse, Hier et demain” est visible jusqu’au 8 juin 2025 à la Bibliothèque nationale de France.

Konbini, partenaire de la BNF.