40 ans de Victoires de la musique, presque autant de confrontation avec le rap. Si depuis quelques années, entre autres lors de la dernière édition en date, les relations se sont apaisées, on ne peut pas dire que tout aille bien dans le meilleur des mondes. Au cours de l’histoire de la cérémonie, certains artistes comme le 113 en 2000 sont passés entre les gouttes, mais, pour une plus grande et juste représentation du rap et des cultures populaires dans sa globalité, la cérémonie des Flammes a été créée, formant, non pas une concurrence directe, mais plutôt un autre moyen de récompenser les artistes oubliés de cette cérémonie, la remettant en question par la même occasion.
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Des lacunes dans les révélations
Loin de nous l’idée d’ôter du mérite aux nommés officiels dans les catégories “Révélation féminine et masculine”, Solann, Styleto, Yoa, Pierre Garnier, Lucky Love et Aliocha Schneider. Malgré tout, dans ces deux catégories, cela saute aux yeux que le rap est plus qu’absent. Voici donc quelques noms que nous pourrions ajouter à cette liste. Theodora évidemment, son année 2024 et son hit “KONGOLESE SOUS BBL” pourrait la faire prétendre à une nomination au vu de son talent. Deuxième nom, La Fève, avant de nous tomber dessus, écoutez-nous. Évidemment, La Fève est plus installé qu’une artiste comme Theodora. Il compte déjà plusieurs projets marquants à son actif. Pour autant, il s’agit ici des Victoires de la musique, une cérémonie généraliste dans laquelle on pourrait voir sans surprise M. Louis Ambroise dans les révélations de l’année, malgré son statut d’artiste installé dans le milieu du rap.
D’autres noms nous viennent en tête, Jolagreen23, La Mano 1.9, TH, VEN1, Bouss, Merveille ou encore Keeqaid, même si là on tire un peu sur la corde. Lorsqu’on observe ces deux catégories précédemment citées, on peut encore une fois déplorer un manque de représentation du rap, comme si, à l’image d’un Tiakola, nommé deux fois lors de cette 40e édition grâce à son album BDLM VOL. 1, celui-ci arrivait seulement lorsque le mainstream et les gros chiffres ont pointé le bout de leur nez. La présence de Tiakola semble ici plus venir d’une volonté de se servir de son nom comme d’un bouclier, un faire-valoir d’une diversité d’approche musicale pas forcément guidée par une reconnaissance pure de son art.
Des grosses têtes ? Où ça ?
Si Tiakola a pu traverser ce plafond de verre cette année, d’autres noms manquent à l’appel dans le mainstream et les catégories principales. L’année 2024 du rap dit “grand public” n’a pas été des plus florissantes, même si un Marseillais un tout petit peu connu du nom de SCH a sorti deux excellents albums en 2024, clôturant sa trilogie JVLIVS de la plus belle des manières. Pourquoi ne pas lui avoir donné les fleurs qu’il mérite ici ? Même si on est quasiment sûrs que le S n’en est plus à ça près, c’est la question qu’on peut se poser.
Dans un autre registre, 2024 aura encore été marquée par une domination de Werenoi dans les ventes en France, écouté par une bonne partie de la jeunesse, la présence de Werenoi ne nous aurait donc pas choqués, loin de là. Il a notamment été récompensé en avril par la cérémonie des Flammes. Troisième et dernier nom, SDM. Il a sorti ALVALM en 2024, succès critique et populaire, asseyant sa place dans le mainstream français. Le rappeur de Clamart dévoile un album mainstream qui réussit à ne pas délaisser la qualité.
On peut malgré tout notifier la présence de l’excellent documentaire de Thibaut de Longeville sur DJ Mehdi dans la catégorie “Créations audiovisuelles” ou encore la nomination du concert de Shay au Zénith de Paris du côté de la catégorie “Concert”.