On a vu le documentaire HBO sur David Holmes, la doublure cascade de Daniel Radcliffe paralysée suite à un accident de tournage

On a vu le documentaire HBO sur David Holmes, la doublure cascade de Daniel Radcliffe paralysée suite à un accident de tournage

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Par Manon Marcillat

Publié le

Les images d’une amitié atypique, entre admiration réciproque et immense culpabilité.

Si Harry Potter a transformé la vie de Daniel Radcliffe, la saga a également fait basculer une autre vie, celle de David Holmes qui, en 2000, à l’âge de 19 ans, décroche le “meilleur job du monde” : doublure cascade du petit sorcier dans l’adaptation cinématographique de la saga littéraire à succès.

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Matches de quidditch, scènes sous-marines et batailles avec Voldemort, David Holmes: The Boy Who Lived s’ouvre sur un montage d’images de cascades qui témoignent de l’abnégation du jeune cascadeur sur ces tournages qui ont mis son corps à rude épreuve. Pendant près de dix ans, il a assuré la sécurité physique de Daniel Radcliffe en effectuant les scènes plus physiques — voire dangereuses — sur les tournages des six premiers opus de la saga.

Mais c’est le combat contre le serpent Nagini que David Holmes ne gagnera pas. En 2009, sur une répétition cascade de la première partie d’Harry Potter et les reliques de la mort, il sera projeté trop violemment contre un mur. “Je n’ai jamais vu un humain se déplacer aussi vite de ma vie”, témoigne Marc Mailley, un ami cascadeur présent en plateau ce jour-là. David Holmes se brisera la nuque et perdra l’usage de ses jambes.

Depuis hier, David Holmes: The Boy Who Lived est disponible en streaming sur Prime Video via le Pass Warner en France et voici ce qu’on en retient.

Un “grand frère cool”

Alors que les aventures du jeune sorcier constituent la franchise la plus populaire au monde, David Holmes, maillon indispensable de cette immense machine, n’avait jamais raconté son histoire face caméra avant ce documentaire. S’il anime le podcast Cunning Stunts, consacré aux coulisses son ancien métier, c’est Daniel Radcliffe qui a convaincu son ami de témoigner à l’écran dans un documentaire qu’il a d’abord souhaité réaliser lui-même avant d’en confier les rênes à Dan Hartley, rencontré sur le tournage d’Harry Potter.

Car c’est aussi et surtout de cette singulière amitié dont il est question dans David Holmes: The Boy Who Lived. Daniel Radcliffe, enfant unique propulsé très jeune dans cette aventure cinématographique hors du commun, s’est lié d’une forte relation d’amitié avec sa doublure cascade de huit ans son aîné, une “sorte de grand frère cool”, un mentor et un coach pour le jeune comédien aux aptitudes physiques visiblement limitées. Et si les tabloïds ont surtout documenté la relation entre Radcliffe et ses costars Emma Watson et Rupert Grint, l’acteur admet avoir été surtout très proche des équipes derrière la caméra.

Une amitié atypique

Dan Hartley choisit de ne pas montrer d’images de l’accident qui est raconté par Marc Mailley, également cascadeur sur le tournage et ami de David Holmes. On ne saura pas non plus pourquoi le jeune homme et gymnaste émérite a raté sa cascade qui avait déjà été exécutée par d’autres avant lui, si la sécurité était défaillante ou si la production est mise en cause dans cet accident (le documentaire est diffusé sur HBO Max, filiale de la Warner, la maison mère d’Harry Potter). On apprend en revanche que le jeune homme a décidé de ne pas intenter d’action en justice.

Des millions de livres étaient en jeu et il a donc fallu retourner rapidement en plateau. Le témoignage de Marc Mailley, très affecté par l’accident de son ami qu’il a dû remplacer au pied levé, est certainement l’un des plus poignants de ce documentaire. Les mots de Greg Powell, le coordinateur cascade de la saga qui a repéré le jeune gymnaste et lui a offert le job de ses rêves, sont également difficiles mais précieux pour témoigner de la culpabilité inévitable qu’il ressent envers le garçon. “Je dis ça de la façon la plus gentille possible mais j’aurais aimé ne jamais le rencontrer.”

Pour les besoins du documentaire, David Holmes livre des images intimes et très courageuses dans lesquelles il se montre dans toute sa vulnérabilité. Aujourd’hui âgé de 42 ans, il continue de perdre de la mobilité, de subir des interventions chirurgicales très lourdes et craint de perdre un jour sa capacité à parler, à avaler et même à respirer de façon autonome. Mais malgré les épreuves qu’il n’a cessé de traverser, il parvient à faire preuve d’une admirable résilience et d’une absence totale de rancune envers cette industrie qu’il aime toujours autant et les personnes impliquées dans son accident.

Pourtant, c’est au cœur de l’expérience la plus extraordinaire d’une vie que surviendra la plus grande tragédie d’une autre et la position ambiguë et délicate de Radcliffe, qui tente de naviguer au mieux entre la culpabilité et l’admiration pour faire perdurer cette amitié atypique, est certainement l’aspect le plus intéressant de ce documentaire. Car si la saga a fait de lui le visage le plus célèbre au monde, il n’a pas toujours voulu poursuivre cette carrière. C’est à travers le destin de son ami, auquel il est à jamais lié, qu’il a compris qu’elle pouvait être éphémère et qu’il lui promet, dans la séquence finale du documentaire, d’embrasser totalement.