En 2017, Nancy Cavaliere a eu la bonne idée d’acquérir “à l’Armée du Salut” des assiettes en céramique noire affublées de visages souriants et déstructurés, sur un coup de tête et pour la modique somme de 8 dollars (7,40 euros). En rentrant chez elle, dans le doute et avant de dresser la table, elle entame quelques recherches sur l’ensemble qu’elle vient d’acheter. “Comment vous dire que j’ai failli m’évanouir en pleurant”, rembobine-t-elle. La jeune femme se rend compte que les assiettes valent des milliers de dollars chacune et sont signées un des artistes les plus cotés – et les plus toxiques – de l’histoire de l’art occidental : Pablo Picasso.
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Ni une ni deux, elle “contacte toutes les maisons de ventes de New York” afin qu’elles authentifient les œuvres et les estiment. Chanceuse jusqu’au bout, Nancy Cavaliere se rend compte qu’elle est effectivement en possession d’originaux du peintre espagnol. Ce dernier s’était lancé dans la céramique à la fin des années 1940, s’épanouissant dans la création de vases, assiettes et brocs colorés et animés de traits sombres, humains et animaux. Dans son atelier du sud de la France, à Vallauris, il a notamment travaillé aux côtés de l’artiste algérienne Baya Mahieddine, artiste prodige de cinquante ans sa cadette, et de Marc Chagall.
Selon Hypebeast, la New-Yorkaise aurait vendu ses trouvailles pour 40 000 dollars (un peu plus de 37 000 euros). “Je suis une immigrée, je suis arrivée d’Italie à 7 ans, c’est énorme ce qu’il m’arrive”, a-t-elle confié au média états-unien qui précise que ce n’est pas le premier fait d’armes de la collectionneuse : quelques années plus tôt, elle avait acheté une combinaison Alexander McQueen pour 20 dollars (18,50 euros) revendue 8 000 dollars (environ 7 400 euros).
Propriétaire de quatre assiettes “faites à la main” (sur 100 au total), Nancy Cavaliere a revendu trois des œuvres, conservant la quatrième, signée du peintre, “dans un coffre-fort, pour la revendre dans 20 ans et donner tout l’argent à [sa] fille pour un voyage en Europe”. Reste à voir si l’artiste espagnol aura perdu de sa cote d’ici là, n’en déplaise au ministre espagnol de la Culture, Miquel Iceta.