Passion amoureuse, destruction et perfectionnisme : 5 choses à savoir sur le peintre Nicolas de Staël

Passion amoureuse, destruction et perfectionnisme : 5 choses à savoir sur le peintre Nicolas de Staël

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@ Ministère de la Culture ; @ Nicolas de Staël, Agrigente, 1954.

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Par Pauline Allione

Publié le , modifié le

Focus sur l’œuvre condensée en une dizaine d’années du peintre franco-russe en perpétuelle évolution.

Du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024, le Musée d’Art Moderne de Paris rend hommage à l’artiste Nicolas de Staël, figure majeure de la scène française de l’après-guerre. À travers une rétrospective réunissant quelque 200 de ses créations issues de collections publiques et privées, l’exposition revient sur l’œuvre de ce peintre incontournable au destin tragique. Forcé à l’exil à l’âge de 4 ans, orphelin à 6, de Staël n’aura de cesse de chercher son style et de faire évoluer sa pratique hors des sentiers battus avant d’abréger sa vie et sa carrière à l’âge de 41 ans. Lumière sur l’œuvre de Nicolas de Staël au regard de cinq faits marquants.

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Exilé et orphelin, il grandit avec ses tuteurs à Bruxelles

Né à Saint-Pétersbourg (anciennement Pétrograd) en 1914, Nicolas de Staël quitte rapidement sa terre natale. Après la prise de pouvoir des bolcheviks en 1917, de nombreux Russes blancs opposés à la révolution soviétique sont forcés de quitter le pays. Exilé en Pologne avec sa famille, Nicolas de Staël se retrouve orphelin en 1919 après les décès successifs de ses deux parents et est placé chez un couple de Bruxellois en compagnie de ses deux sœurs. En grandissant, il se passionne pour la peinture et notamment pour les peintres flamands après un voyage aux Pays-Bas, puis intègre les Beaux-Arts de Bruxelles en 1933 et l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles.

Nicolas de Staël, Sicile, 1954, musée de Grenoble (© J.-L. Lacroix/Ville de Grenoble/ADAGP, Paris, 2023)

Il prend l’habitude de détruire ses toiles

À la recherche constante de son style et de sa vocation, Nicolas de Staël travaille avec acharnement. Ses voyages nourrissent sa sensibilité à la beauté et ses recherches esthétiques, et il découvre avec fascination les paysages de Paris, du Midi, de l’Espagne, de l’Italie et du Maroc. À la fin des années 1930, l’artiste insatisfait et insatiable qu’est Nicolas de Staël crée quasiment autant qu’il ne détruit, d’autant plus lors des épisodes dépressifs auxquels il est sujet. La peinture, qui laisse transparaître ses états d’âme et lui procure joies et angoisses, est aussi le symptôme de cet “inévitable besoin de tout casser quand la machine semble tourner trop rond”, qu’il décrit à son ami le galeriste Jacques Dubourg dans une lettre de 1953.

Il refuse de classifier son art

Inspiré par la lumière, les couleurs, la matière et la peinture abstraite, de Staël refuse de voir son art enfermé dans un courant. Influencé par les maîtres flamands, Cézanne, Matisse ou encore Braque qui est également son ami, il se tient à l’écart des Salons d’art malgré ses difficultés financières. “Aux yeux des amateurs, le style de Staël est reconnu comme une expression nouvelle, une syntaxe du dessin dénouée en compositions serrées en même temps qu’éclatées”, raconte sa fille Anne de Staël dans son ouvrage Staël, du trait à la couleur. Au milieu des années 1940, le style de Nicolas de Staël est reconnu par la critique et les amateur·rice·s d’art.

Nicolas de Staël, Parc des Princes, 1952, collection particulière (© Christie’s/ADAGP, Paris, 2023)

L’année 1952, il crée 240 tableaux

Toujours catégorique dans son refus d’être enfermé dans une case, de Staël explore de nombreuses techniques comme l’encre de Chine, la gouache, la peinture à l’huile… Il floute la frontière entre l’abstrait et le figuratif, et travaille sur plusieurs toiles en même temps. En 1952, Nicolas de Staël, dont les œuvres circulent déjà outre-Atlantique, plus prolifique et expérimental que jamais, continue de pousser l’exploration de son style et des techniques. Cette année-là, il ne crée pas moins de 240 toiles à l’esthétique et aux inspirations variables. Parmi eux figurent plusieurs de ses chefs-d’œuvre incontournables : la série des Footballeurs, Mantes-la-Jolie, Le Parc des Princes, Les Toits

Une liaison amoureuse le mène au nu

À partir des années 1950, Nicolas de Staël s’écarte des paysages et des natures mortes pour s’attaquer à une thématique majeure de l’histoire de l’art : le nu. C’est sa rencontre avec une femme, Jeanne Mathieu, qui le mène vers cette esthétique. Mariée, Jeanne Mathieu vit près de Nice, et Nicolas de Staël, également marié et père de famille, se rapproche d’elle en louant un atelier à Antibes. Jeanne Mathieu lui sert de modèle pour des toiles qui portent d’ailleurs son nom : Jeanne (nu debout) (1953), Nu Jeanne (nu debout) (1954), Nu couché (Nu) (1954). En 1955, Nicolas de Staël doute de la qualité de son travail, éprouve des difficultés à trouver l’inspiration, et est finalement rejeté par Jeanne Mathieu. Peu de temps après, il abdique auprès du mari de celle-ci et se jette du haut de son immeuble à Antibes, le 16 mars 1955.

Nicolas de Staël, Femme assise, 1953, collection particulière (© Jean-Louis Losi/ADAGP, Paris, 2023)

L’exposition consacrée à Nicolas de Staël est visible du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024 au Musée d’Art Moderne de Paris.

Konbini, partenaire du Musée d’Art Moderne de Paris.