Patrice Laffont, animateur star des années 1970, 1980 et 1990 avec Des chiffres et des lettres, Fort Boyard et Pyramide, est mort mercredi à l’âge de 84 ans, a annoncé son ancien employeur, France Télévisions.
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Selon la radio France Bleu, qui avait annoncé sa mort en premier, l’animateur a succombé à un accident cardiaque dans sa maison d’Oppède, dans le Luberon, deux semaines avant de fêter ses 85 ans le 21 août.
Une légende de la télévision
L’animateur de télévision Patrice Laffont a été pendant des décennies le “monsieur Jeu” du PAF avant de voir son étoile pâlir et de retourner à ses premières amours, le théâtre. Pendant 17 ans, entre 1972 et 1989, il a été le visage du plus ancien jeu de la télévision française, Des chiffres et des lettres, qui chaque après-midi sur Antenne 2 réunissait devant leur poste des millions de personnes.
Dans les années 1990, avec le jeu d’aventures Fort Boyard, il s’impose définitivement comme un animateur incontournable de l’audiovisuel public en attirant cette fois les plus jeunes générations.
Né le 21 août 1939 à Marseille, il est le fils aîné de Robert Laffont, fondateur des éditions du même nom.
“Mon père a fait HEC, moi je n’ai pas mon bac”, plaisantait Patrice Laffont. Et dans sa fratrie, il sera le seul à ne pas suivre la voie paternelle.
“Je suis ce qu’on pourrait appeler un fils de famille et j’aurais pu faire sans difficulté une belle carrière dans l’édition avec l’aide de ‘papa’ […]. Orgueil de ma part ou simplement envie de me prouver mais j’ai préféré assumer mon propre destin”, confiait-il.
Dans les années 1960, il fait du théâtre et croise aux cours Furet deux jeunes artistes encore inconnus, Michel Sardou et Michel Fugain. C’est lui qui écrira les paroles des premières chansons de Sardou.
“Douliou-douliou-douliou Saint-Tropez”
Il joue également quelques petits rôles au cinéma, notamment celui d’un play-boy dans Le Gendarme de Saint-Tropez (1964).
“Le tournage a été un moment formidable. On était une bande de jeunes très turbulents et on s’est éclatés. Mais de Funès tirait la gueule, il n’était pas marrant du tout”, racontait-il avec son ton toujours mordant.
Le vrai tournant dans sa vie, c’est à Armand Jammot qu’il le doit. “Le roi de la télé” le lance dans l’univers cathodique en lui offrant d’être journaliste-reporter au magazine Aujourd’hui Madame puis en lui confiant les rênes de Des chiffres et des lettres en 1972.
Succès garanti pour cette émission qui restera diffusée 52 ans. “Cinquante ans d’émission, ça n’existera plus jamais ! C’était une émission toute particulière, sur des critères très simples que les Français apprennent à l’école, les chiffres et les lettres”, avait réagi Patrice Laffont en mai, à l’annonce de l’arrêt du jeu culte programmé à la rentrée 2024.
Les accros se souviennent des “voyelle-consonne…” ou “le compte est bon” égrenés. Mais lui finit par se sentir prisonnier de ce rôle du présentateur souriant en costume-cravate : “Faire l’homme-tronc aussi longtemps a été une erreur. Je suis devenu un animateur dit ‘populaire’ mais souvent en marge des coups médiatiques.”
Il réussit à se faire une deuxième jeunesse en devenant, de 1990 à 1999, le taulier moins sage et plus caustique d’un nouveau jeu à succès, Fort Boyard. Un rendez-vous sportif et ludique qui devient un programme phare de la saison estivale et qui, lui aussi, lui a survécu.
Parallèlement, il anime, entre 1991 et 2001, un jeu en studio qui fait un tabac sur la Deux, Pyramide.
Vingt ans après son arrêt, lorsque certaines séquences sont exhumées par la chaîne TMC, la co-animatrice Pépita prend la défense du présentateur en assurant qu’il n’a jamais fait preuve de sexisme ou de racisme. “Patrice pouvait avoir un côté austère mais c’est un homme de cœur”, assure-t-elle.
Au début des années 2000, Patrice Laffont se retrouve sur la touche et finit par ne plus présenter sur le petit écran principalement que des soirées spéciales et occasionnelles. Ce père de trois enfants, dont l’actrice et humoriste Axelle Laffont, remonte alors sur les planches en faisant essentiellement du théâtre de boulevard.
“J’aime bien la vie que j’ai menée”, confiait-il en soufflant ses 80 bougies. “Je me suis bien marré, j’ai gagné pas mal d’argent même si je n’ai plus rien car j’ai tout dépensé. Je suis une vraie cigale.”