Pourquoi le revival de Buffy nous met en joie, malgré une certaine méfiance ?

Slay, girl, slay

Pourquoi le revival de Buffy nous met en joie, malgré une certaine méfiance ?

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Par Delphine Rivet

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Buffy ne meurt jamais

Ce mardi 4 février, le magazine Variety nous apprenait la nouvelle : Buffy contre les vampires allait renaître de ses cendres, plus de 20 ans après sa fin épique. D’ordinaire, les annonces de reboots, revivals et autres prequels de séries cultes du passé nous laissent relativement de marbre. D’abord, parce qu’ils sont légion — chaque décennie a son lot de cadavres télévisuels déterrés, et puis ils sont rarement aussi bons que l’original. Mais surtout, parce qu’on a bien conscience qu’Hollywood se sert de notre nostalgie à des fins purement mercantiles. 

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On avait donc une excellente raison de balayer cet énième revival d’un revers de la main et, car les séries de ce genre sont rarement un succès, de laisser le destin se charger du reste. Oui mais voilà, on parle de Buffy contre les vampires. Elle n’a pas seulement le statut de série culte — tant d’autres concernées par des revivals l’ont été sans que leur retour ne soit pour autant pertinent, elle a aussi été une œuvre initiatique pour toute une génération. Suffisamment d’années ont passé pour espérer transmettre son message à un tout nouveau public. Cette idée de transmission était justement au cœur de la série. 

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La nostalgie est un ingrédient ultra convoité par les studios et qui a le pouvoir de nous faire remonter le temps. Il n’y a rien de plus humain que de s’y réfugier. Buffy n’a pas seulement marqué l’adolescence de tout un public aujourd’hui adulte, elle a aussi gravé son nom dans l’histoire des séries. Elle est surtout le vestige d’une télévision qui n’existe pratiquement plus : celle des diffusions hebdomadaires à heure fixe, celle des saisons de 22 épisodes, celle du “monstre de la semaine”

Buffy a changé la donne pour tout un genre. En subvertissant le trope horrifique de la jeune fille blonde qui n’est plus la proie mais la chasseuse de monstres, Joss Whedon, son créateur, a changé le paradigme de l’héroïne. Depuis, le showrunner est tombé en disgrâce, accusé de management toxique, mais l’héritage de la série, lui, n’a pas tremblé. Ou si peu. 

Une pour toutes, toutes pour une

Ce revival, dont Hulu est sur le point de commander un pilote, sera supervisé par des femmes. Nora et Lilla Zuckerman, qui officieront en tant que showrunneuses, nous ont offert l’excellente Poker Face avec Natasha Lyonne. Et Chloé Zhao, choisie pour être derrière la caméra, a remporté pas moins de trois Oscars pour son film Nomadland.

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Il ne pouvait en être autrement : Buffy, allégorie de la colère des femmes, de leur devoir de prendre soin de tout le monde et de la sororité née de l’adversité, se devait de revenir entre les mains de femmes. L’adoubement ultime, c’est la présence au casting de la tueuse originelle, interprétée par Sarah Michelle Gellar. L’actrice comme son personnage auront la lourde tâche de passer le flambeau et d’assurer le passage de l’héroïne dans une nouvelle ère. 

Car aujourd’hui, plus que jamais, les monstres sont partout, et ils ne sortent pas seulement la nuit. Aujourd’hui, plus que jamais, c’est la sororité qui nous sauvera. On a rarement eu plus besoin de Buffy et ses acolytes.