Shot de testostérone, colosses et costauds dans les arts : une expo qui pèse lourd au musée Courbet

Shot de testostérone, colosses et costauds dans les arts : une expo qui pèse lourd au musée Courbet

Image :

© Paul Baudry/Fondation Calvet/Ville d’Avignon/Musée Calvet

Pour les JO de Paris, le musée Courbet d’Ornans fait la part belle aux corps d’athlètes dans l’art du XIX et XXe siècles.

L’exposition “Colosses. Lutteurs, culturistes et costauds dans les arts” s’est ouverte au musée Courbet d’Ornans, et explore à l’occasion des Jeux olympiques de Paris la place des corps d’athlètes dans l’art au XIXe et XXe siècles. Cette exposition, labellisée “Olympiade culturelle” par le Comité d’organisation de Paris 2024, a “pour objectif d’accompagner la célébration des Jeux olympiques et paralympiques portée par le département du Doubs”, qui accueillera le passage de la flamme le 25 juin prochain, selon le conservateur du musée Benjamin Foudral.

À voir aussi sur Konbini

Plus de 200 œuvres, sculptures et objets célébrant le corps des lutteur·se·s et des culturistes seront ainsi exposés jusqu’au 13 octobre dans le musée dédié à Gustave Courbet (1819-1877) au cœur de sa ville natale, avec des prêts de musées nationaux et internationaux. Le parcours s’ouvre avec une copie d’une des œuvres du peintre, Les Lutteurs, conservée au musée des Beaux-Arts de Budapest et dont le statut interdit le prêt.

Cette toile du chantre du réalisme est le pendant masculin de ses fameuses Baigneuses, dont la présentation au Salon de 1853 avait fait scandale, éclipsant ces lutteurs aux muscles saillants qui s’affrontent et se lient sur un terrain herbeux devant un public fourni. “Gustave Courbet est le premier grand peintre à réaliser un format aussi conséquent représentant des lutteurs” et “cette œuvre, même si elle n’est pas présente, est le fil rouge de l’exposition”, souligne M. Foudral.

Avec Les Lutteurs, Courbet confrontait l’idéal antique et la lutte contemporaine alors en plein essor. Fidèle à sa réputation de peintre du peuple, “Courbet a souhaité célébrer ces héros populaires dans un Salon [celui de 1853] fréquenté par les aristocrates”, remarque-t-il. De cette œuvre, l’exposition décline l’évolution de ces “hommes forts” qui passent progressivement du phénomène de foire au statut de canon physique et artistique, illustré par les peintres Honoré Daumier et Jean Veber ou encore par les sculpteurs Auguste Rodin et Gustave Doré.

Les tableaux Lutteurs (1875), d’Alexandre Falguière (1831-1900), et Salutat (1898), du peintre états-unien Thomas Eakins (1844-1916), ont ainsi été respectivement prêtés pour l’exposition ornanaise par le musée d’Orsay et par l’Addison Gallery of American Art (Andover, aux États-Unis). Peintures, croquis, photographies, affiches et films illustrent ensuite l’avènement du culte du corps et des salles de sport, notamment porté l’entrepreneur et médecin français Edmond Desbonnet (1867-1953). Pour le conservateur Benjamin Foudral, le parallèle est éloquent : “Ces hommes forts, ces culturistes, ces colosses se sont imposés comme les nouvelles célébrités de l’époque, à l’image des athlètes des Jeux olympiques modernes d’aujourd’hui.”