Comme quelque 480 quartiers populaires en France abritant deux millions d’habitant·e·s, la cité Degroote – qui regroupe 428 logements HLM construits de 1975 à 1978 en périphérie de Dunkerque – est vouée à disparaître dans les prochaines saisons pour laisser la place à un nouveau quartier.
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Face à cette disparition, les résident·e·s se sont mobilisé·e·s. À travers le conseil citoyen, ces dernier·ère·s ont demandé qu’un projet artistique se fasse pour “garder une trace de leur histoire”, nous raconte le photographe Nanda Gonzague, originaire de Montpellier.
© Nanda Gonzague
C’est à travers sa série Un quartier français sur les répercussions de l’amiante sur la population (2006-2016) qu’il s’est rendu pour la première fois à Dunkerque. Du Nord à la Corse, en passant par l’Île-de-France ou le Tarn, Nanda Gonzague suivait les travailleur·se·s de l’amiante.
Réalisé dans le cadre de la commande photographique La France vue d’ici, ce projet tentait de mettre en lumière une part de l’histoire industrielle française “qui aura coûté bien plus qu’elle n’a rapporté”. À Dunkerque, il rencontre Patrick Le Bellec (chargé de mission arts et espace publique) qui le recontacte pour effectuer une résidence artistique au centre culturel Le Château Coquelle.
© Nanda Gonzague
Pendant deux ans (de 2019 à 2021), le photographe se rend tous les trois mois dans “cette cité que certains appelaient Chicago”. Il y passe à chaque fois entre dix et quinze jours. Il recueille et enregistre des témoignages de celles et ceux qui y habitent.
Comme celui d’Amina qui se souvient de son enfance dans le quartier avec nostalgie : “On était beaucoup d’étrangers, beaucoup de Vietnamiens, des boat people. C’était un quartier très vivant. Il y avait énormément d’enfants, les familles s’entraidaient.” Ou encore celui de Thérèse et Michel Quellien, arrivé·e·s en 1993 : “Ah ! Le quartier Degroote, le parc, les passerelles, à l’époque, il y avait un médecin, un bistrot, un 8 à Huit, la pharmacie, on avait tout, on était bien.”
© Nanda Gonzague
Le photographe réalise des portraits posés dans lesquels il cherche “à mettre en lumière les personnes, à les éclairer afin qu’on les reconnaisse”. Gonzague s’est attaché à photographier les résident·e·s avec dignité.
Libre de composer sa série comme il le souhaitait, Nanda Gonzague a néanmoins souvent échangé, notamment à travers l’”Atelier du regard” qu’il menait. Des vues du quartier se mêlent à des portraits pris en intérieur et en extérieur. Le photographe a cherché à documenter un état “d’entre-deux” dans ce lieu de départ qui est encore un lieu de vie pour certain·e·s, avec une volonté constante qui l’animait : de “rendre la grâce dans l’ordinaire”.
© Nanda Gonzague
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Couverture de l’ouvrage Un quartier français, de Nanda Gonzague, publié aux éditions Creaphis.
Un quartier français de Nanda Gonzague est publié aux éditions Créaphis. Les textes sont signés Paul Leroux, Antoine Tricot, Christiane Vollaire.