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Depuis le début de la guerre en Ukraine il y a un peu plus d’un an, un nombre suspect de femmes enceintes se sont installées en Amérique du Sud, et notamment en Argentine où 18 500 migrant·e·s russes ont posé leurs bagages depuis février 2022. Les raisons derrière cette migration soudaine seraient diverses, dont une qui pose d’ailleurs problème aux autorités argentines : le passage éclair des femmes russes en Argentine, qui atterrissent, accouchent et repartent. La raison ? Le visa argentin, facile à obtenir, et qui permet aux nouveau-nés un laissez-passer dans 175 états à travers le monde.
Autre motivation : la sécurité et la qualité de vie qu’offre l’Argentine, surtout depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Un cadre de vie qui se voit progressivement mis en avant par des “momfluencers” qui ont quitté la Russie pour l’Argentine et partagent leurs nouvelles vies sur les réseaux. Le média Rest of World a notamment suivi l’influenceuse Julia Pepeliaeva (aka Julia Lav) dont les contenus en ligne auraient déjà convaincu une centaine de familles russes à déménager en Argentine.
Julia Lav propose un guide russe pour les personnes qui s’installent à Buenos Aires, avec notamment “des instructions sur la façon d’obtenir un permis de séjour, la citoyenneté, un permis de conduire ; mais aussi une liste des endroits les plus cool de Buenos Aires et des autres grandes villes”, indique son site Internet. Au-delà de son livre, l’influenceuse propose de nombreux contenus sur sa page Instagram, suivie par 22 000 personnes, où elle raconte notamment les détails de son accouchement et de sa vie de maman de jumeaux.
D’autres influenceuses participent au phénomène, à l’image de Ekaterina Nekrasova (@flyskybutterfly) qui propose des cakes traditionnels russes appelés medovik dans la capitale argentine, et dont la grande majorité de client·e·s sont des mamans ou femmes enceintes russes. Ailleurs, la page Instagram @girlsclubargentina d’une certaine Any Gonchar propose aux mamans russes installées à Buenos Aires des activités diverses, comme des master class d’allaitement.
Reid Standish, journaliste spécialisé en Russian Studies à Moscou, partage à Rest of World que les femmes russes sont particulièrement douées pour la création et l’entretien de communautés digitales fortes et soudées. Un sentiment d’appartenance et de communautarisme observable dans bon nombre de mouvements migratoires. Le phénomène de ces femmes russes passées d’immigrantes à influenceuses a donc de grandes chances de s’étendre et d’attirer de plus en plus de Russes dans des régions du monde similaires à Buenos Aires.