Des bombardements israéliens à Gaza, au lendemain de la libération de quatre otages, tuent 210 réfugiés palestiniens

Des bombardements israéliens à Gaza, au lendemain de la libération de quatre otages, tuent 210 réfugiés palestiniens

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Le Hamas a annoncé samedi un bilan d’au moins 274 morts et plus de 400 blessés dans des attaques israéliennes sur Nousseirat.

L’armée israélienne a bombardé, ce dimanche 9 juin, la bande de Gaza, au lendemain d’une opération “difficile” ayant permis la libération de quatre otages israéliens dans le camp de réfugiés de Nousseirat, où le Hamas a fait état de 274 personnes tuées.

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Quatre membres d’une même famille ont été tués et plusieurs autres blessés dans une frappe aérienne qui a touché leur maison à Al-Darraj, un quartier de la ville de Gaza située dans le nord du territoire palestinien assiégé, selon les médecins de l’hôpital Al-Ahli.

Dans le centre de la bande de Gaza, des témoins ont signalé par ailleurs des tirs d’hélicoptères à l’est du camp d’Al-Bureij et des tirs d’artillerie à Deir al Balah. Des tirs ont également été signalés à Rafah, dans le sud.

Au neuvième mois de la guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, la libération samedi de quatre otages conforte la stratégie militaire du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous forte pression à l’étranger et sur le plan interne, et alors que les négociations en vue d’une trêve à Gaza associée à la libération d’otages étaient déjà dans l’impasse.

Les otages libérés avaient été tous les quatre “enlevés” sur le site du festival de musique electro Nova, lors de l’attaque sans précédent menée sur le sol israélien par le Hamas le 7 octobre. Ils ont été secourus par les forces israéliennes, lors “d’une opération spéciale difficile de jour à Nousseirat”, dans le centre de la bande de Gaza, selon l’armée israélienne.

Pour sa part, le Hamas a annoncé samedi un bilan d’au moins 274 morts et plus de 400 blessés dans des attaques israéliennes sur Nousseirat.

“Horreur”

Se disant “soulagée” de la libération des otages, la rapporteuse spéciale de l’ONU dans les territoires palestiniens Francesca Albanese a déploré que ce soit “au prix d’au moins 200 Palestiniens, dont des enfants, tués et plus de 400 blessés”. “Cette horreur doit s’arrêter”, a martelé de son côté le secrétaire général de l’ONU António Guterres.

À Nousseirat, Khalil Al-Tahrawi dit avoir entendu des fusillades et des tirs d’obus depuis son abri. “Les avions israéliens ont commencé à nous bombarder […] pour dissimuler l’opération de retrait”, a-t-il dit. L’armée israélienne a laissé derrière elle un spectacle de désolation, selon des images de l’AFPTV : voitures calcinées, bâtiments éventrés, incendies et décombres fumants.

On voit des hommes se frayant un chemin entre les débris pour tenter d’éteindre des flammes ou secourir des blessés. D’autres étaient rassemblés autour de corps enveloppés dans des couvertures.

“Nous ne savons pas ce qui s’est passé. Nous étions assis paisiblement et, tout à coup, nous avons entendu les frappes. Nous étions 50 personnes à nous cacher et nous avons vu des missiles voler au-dessus de nos têtes”, déplore une autre habitante de Nousseirat, qui a préféré taire son nom.

“Nous voilà déplacés pour la troisième fois, sans savoir où aller.”

En Israël, l’heure était au soulagement et à la fête. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre les retrouvailles émouvantes entre Noa Argamani et son père, ainsi que des Israéliens à la plage criant de joie en entendant un maître-nageur leur annoncer la libération des otages.

“Triomphe miraculeux”

Le Forum des familles d’otages a salué un “triomphe miraculeux”, exhortant le gouvernement et la communauté internationale à obtenir la libération des autres personnes captives. Les otages, selon l’armée, sont “en bonne santé” et ont été transférés dans un centre médical près de Tel-Aviv. La police israélienne a annoncé la mort de l’un de ses agents dans les opérations.

L’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien a entraîné la mort de 1 194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.

Lors de cette attaque, 251 personnes ont été emmenées comme otages. Après une courte trêve en novembre ayant permis la libération d’une centaine d’entre eux, 116 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l’armée israélienne.

Israël a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier. Au moins 37 084 Palestiniens, essentiellement des civils, y ont été tués depuis le 7 octobre, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Alors que les efforts diplomatiques pour arracher une trêve piétinent, le secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu les prochains jours en Israël, en Égypte, au Qatar et en Jordanie, pour “promouvoir une proposition de cessez-le-feu” présentée récemment par le président Joe Biden, selon Washington.