Naufrage meurtrier dans la Manche : le parquet de Paris saisi de l’enquête

Naufrage meurtrier dans la Manche : le parquet de Paris saisi de l’enquête

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© Stephen Crowley/Unsplash

Le bateau convoyait "probablement 65 à 66 personnes".

Le parquet de Boulogne-sur-Mer s’est dessaisi au profit de celui de Paris de l’enquête sur le naufrage dans la Manche qui a fait au moins six morts parmi des exilés afghans qui tentaient de rallier l’Angleterre, ont indiqué dimanche les deux juridictions. La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) à Paris s’est saisie de l’enquête ouverte pour homicides et blessures involontaires, aide au séjour irrégulier et association de malfaiteurs, a précisé le parquet de Paris sollicité par l’AFP.

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La Junalco a saisi la police aux frontières, la section de recherche de la gendarmerie maritime avec les services techniques spécialisés afférents, ainsi que l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM). L’embarcation avait été repérée en cours de naufrage en tout début de matinée samedi par un patrouilleur français, qui avait lancé les secours.

Le bateau convoyait “probablement 65 à 66 personnes”, selon la préfecture maritime de la Manche et la Mer du Nord (Premar), tous des hommes, dans leur quasi-majorité de nationalité afghane, avec quelques Soudanais, et “quelques mineurs”, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer. Le bilan des victimes n’est pas encore définitif, a précisé dimanche le parquet de Paris, alors que la Premar indiquait de son côté que les recherches avaient été arrêtées samedi “à la tombée de la nuit”.

Dimanche, seules des “recherches non dirigées, sur opportunité” devaient se dérouler, les bateaux traversant la zone concernée étant appelés à la vigilance. “On ne sait pas si on recherche vraiment quelqu’un”, a souligné dimanche matin la Premar, qui a fait état lundi d’un disparu potentiel. Au total, 59 personnes ont été secourues et ramenées à terre samedi, selon la Premar.

En 2022, 45 000 personnes ont réussi la traversée, malgré les périls encourus dans le détroit du Pas-de-Calais, un des plus fréquentés au monde, et la mort en novembre 2021 d’au moins 27 migrants dans le naufrage le plus meurtrier recensé dans la zone. Pour la seule journée de samedi, 509 migrants ayant effectué la traversée vers les côtes anglaises sur 10 embarcations ont été détectés, selon les chiffres du ministère britannique de l’Intérieur. Ils étaient 756 jeudi.

Dimanche soir, environ 200 personnes, parmi lesquelles des migrant·e·s, se sont rassemblées à Calais puis ont marché vers le port pour rendre hommage aux victimes du naufrage, autour d’une grande banderole recensant les mort·e·s à la frontière franco-britannique – 376 depuis 1999 selon les associations. “Ces personnes meurent dans l’indifférence générale”, a pointé dans un communiqué le groupe inter-associatif Décès, qui s’occupe notamment de préparer l’inhumation ou le rapatriement des corps des exilés décédés. Dénonçant “les politiques migratoires et la militarisation accrue” de la frontière, les auteurs demandent également “si les personnes qui ont été séparées lors des débarquements en France et en Angleterre vont pouvoir bénéficier d’une réunification familiale”.