Pollution de l’air dans les écoles : enquête chez les mauvais élèves

Pollution de l’air dans les écoles : enquête chez les mauvais élèves

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(© Konbini news)

"Ici, on nous a dit que c'était une des écoles les plus polluées d'Europe."

Le Parisien-Aujourd’hui en France, Usbek & Rica, France Culture et Konbini News s’engagent pour la planète avec l’initiative #SauverLePrésent. Une fois par mois, nos quatre médias associeront leurs forces pour alerter sur l’urgence écologique et proposer des solutions.

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En France, la pollution de l’air tue 48 000 personnes par an, soit plus que l’alcool. On estime que 3 enfants sur 4 y sont exposés. Pour savoir si votre enfant fait partie de ces 75 %, l’association Respire a publié en mars dernier la première carte scolaire de la pollution de l’air en Île-de-France. On y apprenait que sur les 12 520 établissements scolaires étudiés, 85 % ne suivaient pas les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un établissement sortait du lot, le plus mauvais élève de la région : l’école Saint-Merri, dans le IVe arrondissement de Paris. Pourtant loin du périphérique, cette école de l’hypercentre parisien cumulait à elle seule devant son entrée un axe de circulation très emprunté (la rue du Renard), une sortie de parking et des travaux.

“Ici, on nous a dit que c’était une des écoles les plus polluées d’Europe”

Six mois et une rentrée plus tard, nous nous sommes rendus sur les lieux, un jour de semaine, en plein après-midi, munis d’un capteur de mesure de la pollution de l’air. La rue du Renard est toujours aussi empruntée, la sortie de parking existe toujours et les travaux ne sont pas terminés. Devant l’entrée de l’école, notre capteur vire au rouge et indique “forte pollution”. Il affiche 70 μg/m3 pour les particules fines (PM10)*. Pour rappel, le seuil fixé par l’OMS à ne pas dépasser pour un temps d’exposition d’une année est de 20 μg/m3. Nous avons donc montré les relevés de notre capteur à des personnes qui fréquentent ou gèrent cette école.

Premier constat, les premiers concernés, les enfants, semblent pour la plupart informés de la situation. C’est le cas d’Anatole, 5 ans : “Moi, je fais de l’asthme, j’ai eu une crise d’asthme et ma maman elle m’a dit que l’école elle était très polluée.” Louise**, en CM2, avance même : “Ici, on nous a dit que c’était une des écoles les plus polluées d’Europe. Quand il y a des pics de pollution, on ne peut pas faire de sport. C’est déconseillé de sortir dans la cour de récréation.”

Les parents, eux, paraissent désemparés. C’est le cas de Martine**, la maman d’Anatole : “Mon fils fait de l’asthme et je me dis que je suis en train de le rendre malade. La vérité, c’est qu’on se sent impuissants et responsables, en plus. Et le pire, c’est qu’on avait choisi cette école pour le bien-être de notre fils, parce qu’il y a des cours de musique.

Des initiatives ont-elles été entreprises depuis six mois pour réduire la pollution autour de l’école ? Et qu’en est-il de la pollution à l’intérieur de l’école ?

Nous avons d’abord joint le directeur de l’école Saint-Merri, Luc Richard. Bien qu’il ne remette pas en cause les indications de notre capteur pour l’extérieur de l’école, il se refuse à tout commentaire à propos de la pollution à l’intérieur de l’école, en arguant qu’il ne peut s’exprimer “sans l’aval de sa hiérarchie”.

À la mairie du IVe arrondissement, on nous explique d’emblée qu’il s’agit “non pas de l’école la plus polluée de la région, mais de l’école dont l’environnement est le plus pollué de la région”. Et de rajouter :Des solutions seront apportées prochainement, dont notamment l’installation de capteurs, prévue pour le 27 septembre.”

Un “kit d’action” à destination des familles

Et des solutions, il en existe dès maintenant, selon l’association Respire qui nous révèle en exclusivité la création d’un “kit d’action” à destination des familles. Un kit que l’association espère voir bientôt disponible dans tous les établissements scolaires. Pour Franck-Olivier Torro, délégué général de Respire, il y a trois paliers de solutions :

  1. Il y a d’abord les petites choses toutes simples du quotidien : “Comme ne pas prendre la voiture dès lors que c’est possible, choisir l’itinéraire le moins pollué jusqu’à l’école, ou encore regrouper les enfants. Un parent pourrait emmener plusieurs enfants du quartier, ça ferait une voiture au lieu de trois.
  2. Respire propose également aux familles de demander aux écoles “un audit de la qualité de l’air dans l’établissement comme la loi l’exige“.
  3. Les familles sont aussi en droit de se tourner vers les institutions : “Elles peuvent demander à la mairie, au département et à la région de restreindre la circulation, mais aussi de faire respecter l’interdiction de laisser tourner le moteur des véhicules à l’arrêt, ou encore de créer des voies vertes et des parkings à vélos partout où c’est possible.”

Pour le délégué général de l’association, il est important d’insister :

La pollution de l’air ne touche pas uniquement l’Île-de-France. D’ailleurs, nous planchons actuellement à la création d’une carte scolaire nationale. À Marseille et dans les villes portuaires, il y a énormément de problèmes dus à la pollution des bateaux. Les milieux ruraux ne sont pas en reste non plus, avec les pesticides.

Il y a des signaux qui ne trompent pas : quand on voit l’augmentation du nombre de maladies respiratoires, quand on voit que des liens commencent à être établis entre les microparticules et les maladies neurodégénératives, il est urgent d’agir.”

(© FCPE)

FCPE

*Les résultats indiqués par le capteur sont à prendre uniquement à titre indicateur.
**Les prénoms ont été modifiés pour garantir l’anonymat des personnes interviewées.

Retrouvez tous les articles et émissions #SauverLePrésent sur la pollution dans les écoles :
> Usbek & Rica : Pollution de l’air dans les écoles : 4 pistes pour sortir du tout-voiture
> France Culture : Pollution : les enfants en première ligne ?
> Le Parisien : Pollution dans les écoles : “La cantine est 100 % bio, mais l’air hautement toxique”