Humiliation, fessée, raclée… On peut bien pinailler sur la sémantique, il n’en demeure pas moins que ce sentiment de honte, vécu pendant ou après une énorme défaite, est un sentiment universel. Évidemment, les conséquences ne sont pas tout à fait les mêmes lorsque cela a lieu dans l’intimité du stade municipal de la ville ou devant quelques centaines de millions de spectateurs. Voilà pourquoi certaines de ces raclées feront date : le lieu, l’affiche, la compétition sont de nature à les rendre plus ou moins culte. Voici celles qui, pour nous, figurent tout en haut du panier.
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Brésil-Allemagne 2014 : 1-7
Comment ne pas commencer par ce qui est probablement le match le plus dramatique de ces vingt dernières années, tant on en est resté stupéfaits ? Demi-finale de Coupe du monde, les deux nations les plus titrées de l’Histoire s’affrontent, et le pays hôte prend une déculottée mémorable, avec cinq buts encaissés entre la 11e et la 29e minute, devant des spectateurs médusés en tribunes et des enfants en larmes. Bref, un film d’horreur, avec, dans le rôle des méchants, les impitoyables Allemands, Joachim Löw, Thomas Müller et Miroslav Klose en tête.
Allemagne-Arabie Saoudite 2002 : 8-0
Vous l’aurez compris, la Mannschaft n’a pas pour habitude de faire de sentiments au moment d’abattre l’ennemi. Déjà en 2002, lors de son entrée en lice à Sapporo, elle avait passé ses nerfs sur de faibles Saoudiens, pour ce qui constitue le plus gros écart de l’ère moderne dans une phase finale de Coupe du monde. Huit buts, quatre par mi-temps, et un Miroslav Klose, auteur de trois buts, qui s’en était donné à cœur joie. L’Allemagne ira jusqu’en finale de l’édition 2002, battue par le Brésil de Ronaldo.
Hongrie-Salvador 1982 : 10-1
Pourtant, cette victoire de l’Allemagne n’est pas le plus gros score de l’Histoire du Mondial. Ce titre honorifique appartient depuis maintenant quarante ans à la Hongrie, qui s’était imposée sur un spectaculaire 10-1 à Elche. C’est la seule fois en vingt-et-une éditions qu’une équipe a inscrit dix buts ou plus dans une rencontre de Coupe du monde. Plombé par une défense coupable, et malgré la présence de son joyau “Magico” Gonzalez en attaque, le Salvador encaisse notamment sept buts à partir de la 50e minute, l’amenant à subir cette défaite historique. Depuis 1982, le petit pays d’Amérique centrale n’a plus jamais participé à une phase finale.
France-Azerbaïdjan 1995 : 10-0
Ce n’était certes qu’un modeste match de qualifications à l’Euro 1996 – encore que, la situation comptable de l’époque n’était pas optimale pour la France –, mais il demeure que presque trente ans plus tard, cette rencontre face à l’Azerbaïdjan reste la plus prolifique en buts inscrits par une équipe de France dans son Histoire. Au stade de l’Abbé-Deschamps, les Bleus étrillent leurs adversaires 10-0, avec sept buts inscrits après le repos. Un match lunaire dans lequel Frank Lebœuf (avec des cheveux) se mettra en lumière grâce à un doublé, dont une talonnade aérienne de toute beauté.
Real Madrid-Rayo Vallecano 2015 : 10-2
Dans les championnats majeurs, les écarts de cette ampleur sont plus rares. Dernièrement en Premier League, Southampton (0-9 à domicile contre Leicester) et Bournemouth (étrillé 9-0 à Anfield par Liverpool) ont certes pris des cartons, mais cela reste un épiphénomène. Alors, quand, en 2015, le Real Madrid en passe dix à son voisin du Rayo Vallecano à l’occasion d’un match de Liga fin décembre, c’est Noël avant l’heure pour les supporters merengue. Face à un adversaire réduit à neuf dès la 28e minute, la BBC s’en donne à cœur joie : quadruplé pour Bale, triplé pour Benzema, doublé pour Cristiano.
FC Bayern-FC Barcelone 2020 : 8-2
L’un des matches les plus culte de ces dernières années en Ligue des champions opposait deux des équipes les plus titrées de l’Histoire de la compétition, lors de ce fameux “Final 8” improvisé par l’UEFA en 2020 afin de mener au bout une édition tronquée par la pandémie de Covid-19. Dans l’ambiance feutrée d’un Estádio da Luz de Lisbonne à huis clos, le Barça est humilié 8-2 en quart de finale par des Bavarois aussi irrésistibles qu’impitoyables. De la séquence Davies-Semedo au doublé d’un Coutinho prêté par le Barça, les Catalans sont renvoyés à toutes leurs insuffisances, qu’elles soient individuelles, collectives ou structurelles.
Australie-Samoa américaines 2001 : 31-0
Non, vous ne rêvez pas, gagner un match de football international comptant pour les éliminatoires d’une Coupe du monde en inscrivant trente buts, c’est possible. Et s’il est vrai que la confédération Asie-Océanie n’est pas forcément la plus homogène en termes de niveau, ce match entre l’Australie et les Samoa américaines reste, plus de vingt ans après, un ovni, une rareté dans le paysage : 31-0 à la fin, 16-0 à la mi-temps, et un joueur, Archie Thompson, qui a pu soigner ses statistiques comme jaja, avec la bagatelle de treize buts inscrits (son compère Zdrilic en a marqué huit).
AS Adema-SO de l’Emyrne 2002 : 149-0
On vous voit venir : est-ce mathématiquement possible ? Comment rentrer 149 buts dans une rencontre de 90 minutes ? Il n’existe malheureusement pas d’images de ce match comptant pour l’ultime journée du Championnat de Madagascar disputé en 2002. Mais il s’agit à ce jour du match officiel le plus prolifique jamais enregistré sur le globe. Il faut dire qu’il s’est joué dans un contexte assez particulier, puisque les 149 buts ont tous été inscrits par les visiteurs contre leur camp, en protestation à de nombreuses décisions litigieuses d’arbitrage qui avaient permis à leurs adversaires du jour de remporter le titre avant même le dernier match.
