On a rencontré Kauli Vaast, jeune prodige du surf français à l’ambition communicative

On a rencontré Kauli Vaast, jeune prodige du surf français à l’ambition communicative

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©Quiksilver/BrentBielman

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Par Ana Corderot

Publié le

"À chaque fois que je vais dans l’eau, je suis le plus heureux du monde."

À seulement 19 ans, le surfeur polynésien Kauli Vaast compte déjà à son palmarès trois titres de champion d’Europe et une qualification aux trials des Tahiti Pro. Au niveau national, il a également brillé l’an dernier en remportant notamment la Coupe de la Fédération à Hossegor. Il faut dire que, depuis son plus jeune âge, il a pour compagnons de route les vagues et les tubes impressionnants de Teahupoo à Tahiti.

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Au quotidien, Kauli se laisse porter par le son des vagues comme personne et les apprivoise à sa guise. À l’aise, confiant et optimiste, le jeune surfeur nous a transmis son parcours et son histoire. En l’écoutant, on a vite compris qu’un avenir radieux l’attendait sur les rives des océans…

Konbini Sports | D’où te vient cette passion pour le surf et comment tout a commencé pour toi ?

Kauli Vaast | Tout a commencé à l’âge de 4 ans, relativement tôt donc. C’était à Tahiti, vers la côte nord, dans les plages de sable noir. C’est ici que j’ai appris à surfer, avec mes parents. Ils m’ont mis tout petit dessus, et j’ai directement adoré. Au début, je faisais du surf par pur plaisir, parce que j’adorais être dans l’eau. À l’école, dès que les cours étaient terminés, je m’empressais d’aller surfer. Je passais la moitié de mon temps dans l’eau.

Ensuite, à l’âge de 8 ans, j’ai participé à ma première compétition, que j’ai gagnée, et c’est à partir de ce moment-là que tout s’est enclenché. L’expérience de la compétition m’a vraiment plu, le fait de se mesurer aux autres, de donner le meilleur de moi-même, c’était vraiment gratifiant.

À en croire les vidéos, tu as l’air de déjouer les lois de la gravité sur les vagues. Comment tu t’entraînes ?

Je m’entraîne de plusieurs manières. À Tahiti, je m’entraîne physiquement, généralement entre deux compétitions, avec mon kiné, Charles Vandemeulebroucke. Ça me permet de me tenir en forme lorsqu’il faut repartir. Côté surf pur, je suis coaché par Hira Teriinatoofa à Tahiti, dans ma gestion du stress ou pour me mettre dans le bain. En France, je m’entraîne avec Vincent Gelfi [surfeur au Vieux-Boucau, ndlr]. Il me guide au niveau des séries, me prépare avant les compétitions et m’y accompagne.

Mentalement, quel est ton rituel avant une session ? Tu n’as jamais peur ?

À chaque fois que je vais dans l’eau, je suis le plus heureux du monde. Je n’ai pas vraiment de préparation mentale, je suis tellement habitué à le faire depuis tout petit par passion que c’est toujours un moment de pur bonheur. Surtout à Teahupoo, c’est l’une des vagues que je surfe le plus souvent. Quand j’arrive sur ce spot, c’est sublime, le décor est juste incroyable et je me sens vraiment à ma place. C’est parfait.

Tu as des spots de prédilection ?

Disons que je surfe majoritairement à Tahiti, mais vu que depuis l’âge de 11 ans je voyage et je surfe un peu partout dans le monde, je découvre plein de spots différents. Les spots que j’aime beaucoup sont à Hawaii, parce qu’ils sont un peu similaires à ceux de Tahiti. On y trouve des vagues creuses, avec des tubes. J’aime aussi les vagues françaises, car elles évoluent et changent souvent. Aussi, parce qu’à la différence de chez moi, il n’y a pas de récifs, seulement du sable.

À quand remonte ton plus beau souvenir de surf ?

C’était il y a deux ans, lors des trials à Teahupoo [une compétition réservée aux 34 meilleurs surfeurs du monde, ndlr], où je me suis qualifié. C’était vraiment incroyable, une vraie consécration.

Tu as des idoles dans le surf ?

Oui. Je pense surtout à Raimana Van Bastolaer, qui est vraiment une légende à Teahupoo, et sur toute l’île de Tahiti d’ailleurs. Il m’a pris sous son aile tout jeune et j’ai vraiment grandi avec lui. Il m’a appris énormément de choses, et je lui suis énormément reconnaissant pour cela. C’est en partie grâce à lui que je suis devenu qui je suis aujourd’hui.

Il y a également Jérémy Florès, avec qui justement j’ai pu passer beaucoup de temps grâce à Raimana. Il m’emmenait partout, et de fil en aiguille j’ai traîné avec Jérémy. C’est comme mon grand frère, il m’a donné beaucoup. Je suis conscient de la chance que j’ai d’être aussi bien entouré.

Entre les compétitions, les entraînements intensifs, tu arrives à mener une vie “normale” à ton âge ?

Oui, j’y arrive plutôt bien. J’habite à Tahiti, et lorsque je suis sur place, j’étudie. Je n’ai jamais arrêté l’école. L’année dernière, j’ai eu mon bac, et actuellement je suis en première année de Staps. Le retour à Tahiti, c’est vraiment synonyme d’une vie normale, avec mes cours, mes copains. Je ne mets pas le surf de côté, au contraire, il m’accompagne partout et j’habite en face de l’océan. Seulement, je me concentre davantage sur les cours et ma famille. Ma sœur et mon frère surfent également, donc ce sont des moments privilégiés avec eux. Lorsque le temps de la compétition est venu, je me focus et on repart.

Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ? D’autres titres de champion ?

J’ai pour objectif premier de me qualifier pour le World Championship Tour (WCT) [une compétition qui regroupe les 32 meilleurs surfeurs mondiaux, ndlr]. Sinon, j’aimerais vraiment me qualifier pour les JO 2024, c’est l’objectif d’une vie. J’espère pouvoir le réaliser et, quoi qu’il arrive, je mettrai toutes les chances de mon côté.