Comment le “RP” dans les jeux vidéo est en train de devenir un nouveau média à part entière

Comment le “RP” dans les jeux vidéo est en train de devenir un nouveau média à part entière

Eh oui, pour aller au théâtre d'improvisation maintenant, c'est sur Twitch.

 L’humain a toujours trouvé dans la fiction un moyen de s’échapper d’une réalité, de s’inventer un ou des univers. Le cerveau humain s’imagine constamment des scénarios et pour chacun de ceux-ci, il existe au moins un support pour le faire vivre (série audio, film, série, littérature…) ; mais depuis l’avènement de l’informatique, de nouveaux supports plutôt surprenants apparaissent.

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D’abord sur des blogs, espaces d’expression personnelle, qui permettent aux auteurs de partager des récits fictifs ou inspirés du réel, mais avec une interaction limitée. En revanche, sur les forums, l’échange entre les participants est central : les utilisateurs interagissent comme s’ils étaient des personnages, intégrant des éléments réels pour nourrir leurs récits fictifs. Inspirés des premiers jeux de rôle dits “papier”, comme Donjons et Dragons (jeu datant des années 1970), ces échanges structurés en histoires collaboratives ont rapidement été qualifiés de “jeux de rôle” ou “roleplay”, souvent abrégé en “RP”.

Puis les jeux vidéo en ligne sont arrivés et notamment le géant World of Warcraft (2004), jeu le plus populaire dans le genre du MMORPG (Massively Multiplayer Online Role-Playing Game). Au-delà d’incarner un personnage dans un jeu, d’augmenter ses statistiques et de jouer avec ses amis, on n’incarne pas vraiment un personnage : on n’a pas à lui inventer un nom, un passé, des histoires, etc.

Très rapidement, on a pu voir un jeu fonder le concept de RP, qui démocratisera un genre unique et ce jeu, c’est Garry’s Mod

DarkRP, une nouvelle manière de jouer aux jeux vidéo

DarkRP est un mode de jeu pour Garry’s Mod. Créé au milieu des années 2000, DarkRP propose une expérience de jeu de rôle en ligne où les joueurs incarnent divers personnages dans un environnement urbain. Les participants choisissent parmi une variété de métiers, tels que policier, cuisinier, voleur ou maire, et interagissent selon des règles définies par la communauté.

La vraie force de ce mode de jeu, c’est que tous les joueurs ont leurs micros activés et peuvent donc communiquer avec les personnages autour d’eux, pouvant donc créer les premières scènes d’improvisation “RP” en ligne. Ce sont des gens n’ayant écrit aucun scénario, tous avec de fausses identités, interagissant comme s’ils étaient des mafieux ou des policiers dans un monde totalement virtuel.

Des youtubeurs plus ou moins importants s’intéressent rapidement au projet, dont certains en font leur spécialité, c’est ainsi que naît une ère du RP sur YouTube et sur les serveurs GMod en France. 

L’arrivée d’un mastodonte pour tout changer

En parallèle, dès 2013, un nouveau jeu s’apprête à retourner le game du RP. Ce jeu, c’est GTA V. Histoire de remettre l’église au milieu du village et qu’on comprenne bien le succès de ce jeu, GTA V est le deuxième jeu le plus vendu dans le monde. Il prend place à Los Santos, une copie virtuelle de Los Angeles, ville dans laquelle il est possible de tout faire tant le degré de réalisme est poussé par les équipes de Rockstar Games.

Peu de temps après, sort GTA Online, même ville mais cette fois jouable en ligne. Cette fois, on n’incarne plus les trois personnages de la campagne solo mais le personnage que l’on souhaite être pour faire des braquages/missions et surtout en considérant qu’il y a des humains derrière les personnes que l’on croise.

Pour aller plus loin, des développeurs indépendants ont sorti FiveM, une instance non officielle de GTA V qui permet d’héberger des serveurs et d’ajouter des fonctionnalités inédites au jeu. Grâce aux “mods”, il devient possible d’activer le micro ambiant pour favoriser l’immersion et d’intégrer du contenu personnalisé, comme de nouveaux bâtiments ou véhicules. C’est ainsi que débute la grande ère du GTA RP.

Streamers = acteurs ?

Il y a deux manières de jouer sur GTA RP, qui se caractérisent en deux types de serveurs : “Free access” (FA) et “Whitelist” (WL). Les FA sont ceux qui sont accessibles à tous les joueurs et ressemblent de près ou de loin à du RP un peu “médiocre” sans trop de cohérence entre toutes les personnes présentes sur le serveur ni de réel scénario, les joueurs ne passent pas de vérification avant d’entrer, bref, c’est un peu la porte ouverte au “tout est permis”.

Au contraire, dans les WL, toutes les personnes passent par un véritable “casting” où tous les joueurs donnent un contexte autour de leurs personnages et sont invités à interagir de manière sérieuse avec plus de monde et de faire évoluer une trame scénaristique générale. C’est dans ce créneau que se placent des streamers comme JL Tomy, propriétaire de “Flashback”, serveur GTA RP Whitelist le plus connu en France.

Plus récemment, Aminematue et Lolypokicake ont lancé “Grandline”, un serveur privé, qui est ouvert autour de thématiques comme Koh-Lanta, en recréant une île avec des jeux et de la stratégie d’équipes. Le dernier “arc” narratif en date sur Grandline est bien plus poussé avec une trame narrative autour de tous les personnages du serveur, les personnages principaux, incarnés par Aminematue et Kameto semblent suivre un synopsis et des étapes de narration déjà prédéfinies, mais tout n’est qu’improvisation autour de ces points, et tout le monde peut suivre leur histoire, encore en cours sur Twitch.

La suite ? 

En voyant du RP “préécrit” comme celui d’Amine et Kameto, on se dire que le genre a de beaux jours devant lui, mais sur un jeu qui fête ses 12 ans cette année, c’est un peu compliqué car les joueurs et propriétaires de serveurs commencent à être limités par certains principes du jeu de base.

Un monstre risque d’arriver d’ici cette fin d’année et ce monstre, c’est évidemment GTA VI, le 6e volet d’une saga, qui va nous promettre de longues heures de jeu en impro.