Pourquoi acheter un appart quand on peut s’acheter une théière en peluche ?

Pourquoi acheter un appart quand on peut s’acheter une théière en peluche ?

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© Jellycat

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Par Pharrell Arot

Publié le

Seul le crime paie au rayon doudous.

Cet article a d’abord été publié dans notre newsletter Fast Forward le 16 janvier 2025.

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Vols, arnaques et… peluches mignonnes, c’est, à quelques mots près, le titre de l’enquête du Guardian sur la folie Jellycat qui “secoue” l’Angleterre. Vous connaissez forcément ces peluches en forme d’animaux mignons et d’objets du quotidien. Toujours agrémentées d’un sourire, elles finissent, surtout depuis la pandémie de Covid, plutôt sur les étagères de jeunes adultes en location que dans le lit de petites personnes.

Cute ? Sauf leur prix, surtout sur le marché de la revente où certaines peluches rares ou dont la production a été arrêtée atteignent des sommes prohibitives – une stratégie rodée empruntée au luxe et au streetwear par la marque qui a fêté ses 25 ans l’an dernier. Le Guardian a partagé un exemple : celui du très viral set de thé en peluche en collaboration avec la très chic maison Harrods se revend plus de 200 livres (environ 238 euros) sur Vinted ou eBay. Il y a de quoi faire grincer les fans historiques qui, pendant des années, pouvaient s’offrir ces petits potes sans devoir spéculer ni casser leur tirelire.

La journaliste Chloë Hamilton donne aussi la parole aux “nouveaux” fans, qui, dans cette économie, ont transformé les Jellycat en cibles privilégiées pour le vol à l’étalage, que ce soit pour l’adrénaline ou l’espoir de revendre la fameuse théière comme un bijou de luxe, sans la même sécurité à la porte du magasin. Ce mois de décembre, la plus grande association de commerçants indépendants britanniques alarmait même sur l’“échelle industrielle” de la proportion de revente des objets volés en magasin – 3 sur 5 selon leurs estimations.

Chez Dazed, Maya Kronic, coautrice du livre Cute Accelerationism, rappelle que, si l’Internet mise toujours plus sur le mignon, c’est qu’on va probablement tous mal et le monde aussi. Combler le coup de mou en s’offrant un cupcake en peluche au corner Jellycat des Galeries Lafayette semble donc une option tout à fait raisonnable : à part quelques dizaines d’euros (ne volez pas, hein !) vous n’aurez qu’à y gagner, que ce soit un investissement pas très florissant ou l’adhésion à une communauté plus relax que celle de la crypto.