“Je reste un produit Twitter” : en plein cœur de l’Euro 2024, on a rencontré Walid Acherchour pour parler de son parcours et de son amour du foot

“Je reste un produit Twitter” : en plein cœur de l’Euro 2024, on a rencontré Walid Acherchour pour parler de son parcours et de son amour du foot

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© Caroline Darcourt / Winamax

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Par Lucie Bacon

Publié le

"Je me suis fait virer de l’école. Ils me demandaient de parler des municipales, j’avais une parka de Manchester City, je parlais du Real de Carlo Ancelotti."

Si vous suivez de temps en temps le foot et que vous traînez sur les réseaux, vous avez sûrement vu passer une tirade enflammée de Walid Acherchour. À 30 ans, ce consultant foot qui s’est construit un petit réseau seul, en montant des émissions avec ses potes ou en faisant des lives sur Instagram, officie désormais au Club des 5, une émission qu’il a créée, dans le Winamax FC, et désormais à l’After Foot, sur RMC. Une consécration pour celui qui, petit, comme beaucoup, voulait être joueur pro. On l’a rencontré, après une émission, entre deux tours de l’Euro, pour en savoir un peu plus sur celui qui cause beaucoup de foot mais ne dit pas grand-chose sur lui.

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Konbini ⎮ On est entre deux tours de l’Euro. Tu la vis comment, cette compétition ?

Walid Acherchour ⎮ Un peu fatigué, mais on est content. S’il y a cinq-six ans on m’avait dit que je pourrais travailler autant sur un événement comme ça, je n’y aurais pas cru. On relativise mais c’est un peu fatigant, les deux jours sans match font du bien. Ensuite, on va enchaîner avec de beaux quarts, car on a de très belles affiches [l’interview a été réalisée la veille de France-Portugal, ndlr].

Tu le kiffes, cet Euro ?

J’ai vu les gens très durs. Mais dans les compétitions internationales, il y a du bon, du mauvais, du moyen. Moi je trouve que c’est très bien organisé, l’Euro en Allemagne, ça me rappelle la Coupe du monde de 2006. Moi je suis satisfait, certes il y a des joueurs cramés, des stars ne sont pas là ou sont décevantes, Mbappé, Griezmann, Bellingham s’est un peu réveillé mais c’est pas grandiose… Il manque un petit truc, mais je pense que ça va s’accélérer. Déjà, les huitièmes, j’ai trouvé ça un peu mieux.

Est-ce qu’il y a des moments où tu en as marre du foot ?

J’en ai marre environ une fois par mois, mais quand j’ai un jour de repos, ça me manque trop. Les débats, les émissions, revoir les copains, rigoler, se fighter aussi, aller chercher Elton [Mokolo] ou Daniel [Riolo]… Ce truc-là me manque. Parfois, je suis fatigué, vraiment, mais en fait, le lendemain, je me réveille, je me dis : “Faut que j’aille en émission.” C’est comme une petite drogue. Il y a l’adrénaline de revenir, d’aller sur Twitter, se dire “Bon allez faut que je parle de ce débat-là”, puis on reçoit le conducteur de l’émission [le déroulé des sujets, ndlr], c’est excitant. Quand ça, ça s’arrête, il y a un vrai manque.

“Si on est trop trop lisse, on ne peut pas dire ce qu’on pense, et souvent on se trompe”

Dans le foot, qu’est-ce que tu kiffes le plus finalement, le jeu ou en parler ?

Les deux. Mais c’est vrai qu’en parler, c’est top. Ne pas être d’accord, aller chercher les bons arguments… Être parfois aussi incohérent, car dans le foot, il n’y a pas de vérité absolue. Parfois, on me reproche d’être dans la culture de l’instant parce que ça va vite, mais reconnaître que je me suis trompé, j’aime bien, c’est aussi le but de notre métier. Si on est trop trop lisses, on ne peut pas dire ce qu’on pense, et souvent on se trompe. Donc en parler, c’est top, surtout dans un cadre sain, où on peut rigoler. L’interaction avec les gens, sur le chat ou les réseaux sociaux, je kiffe ça.

Tu consommes combien de matches par semaine ?

Un peu moins qu’avant, car je fais beaucoup d’émissions. En semaine européenne, entre 12 et 15, et le week-end, entre 9 et 10. Je regarde beaucoup de Ligue 1, les gros gros matches européens. Mais maintenant, j’essaie aussi d’aller voir des matches sur le terrain, en Ligue 1 ou en Ligue 2. J’en parlais avec Stéphane Guy, à RMC, qui me disait : “Tu sais, Walid, un match au stade, c’est quatre matches à la télé. Il faut vraiment que tu t’imprègnes de ce qu’il se passe sur le terrain, que tu discutes avec les acteurs, ça ouvre quelques portes aussi, et ça apporte un regard différent, ça enrichit les analyses.” J’ai retrouvé ce goût d’aller au stade, ce que je n’avais pas avant. J’étais bien devant ma télé, avec mes ralentis. En ce moment, je ne fais que de la télé, et j’ai un manque du stade, du terrain.

Tu voulais faire quoi petit ?

Footballeur, comme tout le monde ! Mais bon, ça n’a pas marché, donc on se fait une raison. Dans un deuxième temps, je voulais faire quelque chose en rapport avec le foot.

Et tu te voyais où tu es aujourd’hui ?

Non. Enfin oui et non. Je l’ai déjà raconté, mais je vais vous expliquer le déclic. L’école, je n’y arrive pas, je ne suis pas concentré, je suis là pour la rigolade. Je passe en bac pro commerce, je n’y vais pas tout le temps, j’ai le bac au rattrapage, limite on me le donne. J’avais mon oncle numéro 3 chez Red Bull, c’était un peu un exemple pour moi, j’avais la tchatche, un peu de bagout, je me dis que je vais faire commercial aussi. J’essaie de faire un BTS MUC ou NRC, sauf que je ne trouve pas d’école, donc je lâche. Pendant un an, un an et demi, je travaille à droite, à gauche, Domino’s, Picard, mais je ne m’éclate pas. Mon père voit que je regarde du foot à mort mais que je ne m’épanouis pas. Il me dit : “Essaie de faire un truc en rapport avec le foot, passe tes diplômes d’éducateur, essaie de devenir agent de joueur ou journaliste.” Mais pour moi, à l’époque, être journaliste, c’est comme être avocat, c’est des métiers d’élite. Je venais de faire un bac pro au rattrapage, il fallait faire des prépas, Henri-IV… Impossible pour moi.

“Ils me demandaient de parler des municipales, j’avais une parka de Manchester City, je parlais du Real de Carlo Ancelotti”

Mais j’avais vu une école de radio, Studec. Il ne fallait que le bac mais mettre 6 000 euros par an. J’avais appelé l’After en tant qu’auditeur, j’avais bien aimé, je me suis dit pourquoi pas faire ça, on va voir ce que ça donne. L’école envoyait du rêve, il y avait Daniel [Riolo, consultant sur RMC, ndlr] ou Gilbert [Brisbois, animateur de l’After Foot sur RMC, ndlr] comme prof à l’époque. Donc je deviens serveur dans un restaurant, je bosse pendant deux ans pour mettre de l’argent de côté pour payer les deux années d’école. À ce moment-là, je ne veux pas être journaliste, je veux débattre de foot. Mais à l’époque, c’était impensable, pour donner son avis fallait être ancien joueur, sauf Daniel et Pierre Ménès, donc ce n’était pas commun. Le pari est osé, mais je rentre dans ce circuit-là, je fais des émissions sur Radio VL qui me permettent de rencontrer des mecs, on faisait des sortes de master class où on invitait par exemple Alex Ruiz. Et c’est comme ça que je rencontre Daniel. Il vient une première fois, il kiffe, il me dit à la fin de l’émission : “Tu parles bien de foot, t’as un vrai truc, continue.”

Ensuite, je me suis fait virer de Studec parce que je n’étais que foot foot foot foot foot. Ils me demandaient de parler des municipales, j’avais une parka de Manchester City, je parlais du Real de Carlo Ancelotti… J’en avais strictement rien à faire des municipales, moi. Il fallait être très bon dans la culture, dans la politique, alors j’arrête. Je vais à l’IEJ, une autre école, dans une classe tremplin car j’ai de gros problèmes d’orthographe. Ça se passe mal aussi car je suis encore très très foot mais je rencontre de super profs, comme Redwane Telha qui était à France Inter et qui essaie de me faire développer les réseaux sociaux. À côté, je suis toujours à Radio VL et je rencontre une deuxième fois Daniel car il refait une émission. À ce moment-là, j’étais viré de l’IEJ, je m’étais fait une raison : soit on crée quelque chose avec les gars de Radio VL, soit c’est mort, je ne pourrai pas y arriver.

On regarde alors un peu ce qui se passe, TrashTalk ou First Team sur le basket notamment, et on se dit pourquoi ne pas faire ça pour le foot sur YouTube. On cherche des studios, et en 2017 on crée le Club de 5. Entre-temps, Daniel envoie mon nom à RMC, où je suis invité, je suis super bien accueilli mais ils n’ont pas encore de place pour moi. Ils m’envoient à France Info, à l’émission de Matteu Maestracci, qui m’a donné mon premier micro. Ils cherchent des mecs qui s’y connaissent en foot, j’ai 23 ans, je suis bénévole, je fais six mois là-bas, ça se passe très bien, j’emmagasine beaucoup d’expérience. Le Club des 5 prend aussi en parallèle, les gens kiffent sur les réseaux sociaux, puis je fais Yahoo, Foot Mercato, Oh My Goal, Winamax vient me chercher…

Tu fais aussi des lives Instagram qui marchent bien pendant le confinement, il me semble. Les gens se sont rendu compte à ce moment que tu ne faisais pas que donner ton avis, tu pouvais aussi interviewer des gens.

Exactement. J’avais beaucoup été inspiré par Mehdi Maïzi qui avait fait pareil pendant le confinement. Je faisais ça à 23 heures, on a fait deux mois de lives, et j’ai terminé avec Samir Nasri qui est mon joueur préféré. Tu te rends compte que c’est un peu comme dans un magasin, petit à petit tu fais entrer des mecs dans ta communauté, peut-être que les gens n’aiment pas quand je débats et préfèrent les interviews, d’autres préfèrent les moments où je rigole, et comme tu as une palette un peu plus large, les gens entrent dans ton univers et ça a marché. Derrière, j’entre à RMC, parce que Jérôme Rothen prend le 18 h/20 h et ils doivent faire émerger deux-trois personnes pour l’After. Daniel et Houssem [Loussaief, ndlr] me demandent si je veux intégrer la bande et ça fait quatre ans que j’y suis.

Tu te souviens de ta première ?

Oui, je me fais inviter par Gilbert pour les 15 ans de l’After, avec des stars et des influenceurs du foot. Je n’avais pas trop aimé le terme “influenceur” mais j’avais fait ma première avec Rolland Courbis, Jérôme Rothen et Daniel Riolo…

Tu étais stressé ?

Oui, un peu, car je m’en souviens, Gilbert m’avait dit “Tu es dispo à telle date ? Bon ben tu vas faire deux-trois heures d’After, on va voir ce que tu as dans le ventre”, de manière affectueuse bien sûr, mais je pense que beaucoup de gens lui disaient : “Il faut essayer Walid, il faut essayer Walid !” Il s’est fait manger la tête, et c’était pas simple, car les trois en face, c’est très haut niveau. J’ai essayé de me faire une place et ils ont kiffé. L’année d’après, je fais deux petites dates par mois, et là maintenant c’est cool, je prends de plus en plus d’importance.

“J’ai souvent critiqué Mbappé car je trouvais que, dans les médias, on était trop trop gentil avec lui. J’étais un peu le contrepoids”

Comment tu prépares les émissions ? Le une-deux avec Daniel est bien mais être face à lui peut être compliqué.

Moi je kiffe, beaucoup ont peur de lui entre guillemets. Mais moi je le connais par cœur, je l’écoute depuis 15 ans, je sais très très bien ce qu’il va dire, et lui aime beaucoup me parler en off notamment donc je sais ce qu’il pense. Il y a un jeu, je sais le taquiner quand il faut, je sais comment l’énerver, et moi j’adore ça. En plus, je suis comme ça aussi dans les autres émissions donc ça fait de bonnes confrontations, et parfois même je suis frustré quand je ne suis pas en émission et que je l’écoute car j’ai envie d’aller le chercher, même si sur 80 % du temps je suis d’accord avec lui. Mais il y a des sujets, notamment sur Mbappé ou Luis Enrique cette saison, où c’était intéressant car on était parfois en désaccord.

Est-ce que parfois tu fais exprès de dire un truc que tu ne penses pas pour faire vivre le débat dans l’émission ?

Jamais. En revanche, parfois, quand je trouve les gens très très durs ou très très positifs sur quelqu’un, ça m’énerve. Par exemple, j’ai souvent critiqué Mbappé car je trouvais que, dans les médias, on était trop trop gentil avec lui et on lui excusait énormément de choses, donc moi j’étais un peu le contrepoids. Ça m’énervait par rapport à la réalité quand je voyais comment on traitait les étrangers, Messi, Neymar, qui ont eu leur part de responsabilité, mais on essayait de trouver des subterfuges quand Mbappé n’était pas bon, donc je me suis engouffré là-dedans. Peut-être que si tout le monde avait été très négatif sur Mbappé, je ne l’aurais pas été autant. En revanche, demain, si je suis d’accord avec un mec en plateau, je ne vais pas être dans la contradiction pour être dans la contradiction. Ça, on ne me le demande jamais et je n’ai pas envie de le faire. Certains le demandent mais moi, je ne vais pas être ce mec-là.

Deux séquences de toi ont beaucoup tourné dernièrement sur les réseaux sociaux avec Winamax, celle sur Hakimi et celle sur Lukaku. Tu le prépares, ça ? Comment tu le vis, tu montes tout seul en pression ?

Je ne prépare pas du tout. Je vais te raconter comment ça s’est passé pour Hakimi. J’ai une affection particulière pour le PSG, j’étais un supporter quand j’étais petit, et peut-être que sur ce match-là, j’ai un peu vrillé. Sur le chat, comme il y a beaucoup d’interactions, on me dit “Oui mais Hakimi a fait un bon match”, et c’est vrai que sur ce match-là, ça n’a pas été le pire. Et là, je pète les plombs et je dis : “C’est bien, il court, il se donne à fond, mais si on compare avec les joueurs d’avant, techniquement, c’est pas possible, quoi, le foot a régressé et l’exemple vient d’Hakimi.” Je prends cette image mais à aucun moment c’est préparé. De toute façon, tu le vois bien pendant l’extrait que je sens que je suis allé trop loin. C’est mon style aussi, je ne le fais pas tout le temps, c’est deux vidéos qui ont percé.

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Tu le fais en pensant aux caméras ?

Non, vraiment pas, après évidemment…

Tu sais que t’es filmé…

Oui, tu es en émission, mais moi je suis comme ça dans la vraie vie. Je faisais ça au Club des 5 en 2017 quand on avait 50 viewers. Évidemment, tu es en émission, tu as un énervement, tu es conditionné. Après, ça fait partie de mon style et je peux comprendre que les gens disent : “Walid, il veut surfer dessus.” Ben oui, mais tu dois faire vivre ton émission. Je ne le fais pas à mauvais escient, je m’emporte, comme souvent, je n’aime pas parler doucement en émission. Mais si tu fais attention, c’est 10 minutes sur une heure et demie d’émission. Après, c’est aussi ce que les CM mettent en avant pour inciter les gens à regarder le programme. On fait 30 émissions par mois, énormément à l’année, ce n’est pas tous les jours que tu as la séquence sur Achraf Hakimi.

Tu fais attention à ce que disent les gens sur les réseaux ?

Je lis, oui. Parce que je reste un produit Twitter, je viens de là-bas, et je respecte beaucoup les gens, quand c’est constructif notamment. Je suis toujours allé discuter, voir les gens en DM quand ils étaient en désaccord avec moi, sauf quand ça insulte. Et même quand ça insulte, parfois j’essaie de comprendre pourquoi on m’insulte. Parce que c’est eux qui m’ont fait émerger, qu’on le veuille au non. Si aujourd’hui je suis à l’After, si aujourd’hui les émissions auxquelles je participe marchent, c’est grâce à ces gens-là. À une époque, c’est eux qui disaient : “Ah c’est l’éditorialiste sous-coté, faut le faire émerger.” Aujourd’hui, peut-être que je suis devenu trop gros pour Twitter, et les gens disent que j’en fais trop et que je suis surcoté. Mais c’est normal, dans tous les secteurs c’est comme ça, et faut bien le prendre. Mais oui, je lis tout, le positif et le négatif.

Ça te fait du mal parfois ?

Par le passé, il y a eu des choses qui m’ont fait du mal. Je me souviens d’une sauce que j’avais prise à l’After quand j’avais défendu Donnarumma face à Édouard Mendy, où on m’avait accusé de racisme en me disant que j’étais contre le Sénégalais. Ça m’avait fait très très mal, vraiment. Parce que c’est totalement faux, et peut-être que j’étais dans l’erreur à l’époque footballistiquement, mais ça restait que du foot. Quand ça parle de politique, quand c’est vraiment pas moi, ça peut me faire très très mal. Après, sur du foot, si demain les mecs sont en désaccord, ça va me faire chier sur le moment, mais en vrai de vrai, ce n’est que du foot.

Est-ce que tu as conscience que vous avez apporté quelque chose dans les médias foot, toi et ta génération ?

Oui, je pense encore une fois que ce sont les gens qui ont kiffé ce qu’on a ramené, mais en vérité, on s’est inspirés de First Team, de TrashTalk, de ce que Mehdi Maïzi faisait à l’Abcdr du Son, et on l’a ramené au foot. Ça a fonctionné car on est arrivés à un moment où les gens en avaient marre des consultants qui ne regardaient pas les matches. Au début, ils se sont dit “Oh là là c’est quoi ces mecs-là”, mais aujourd’hui, la télé est un peu vieillotte, les gens ne s’y reconnaissent pas forcément, et on est arrivés au bon moment. Ils nous ont ouvert la porte et on est des privilégiés. Je le dis à chaque fois : je fais de la libre antenne à RMC ou je suis sur Winamax où on essaie de mixer du sérieux avec du foot et où pendant 10 minutes on fait des top 3 fruits… On a essayé de ramener quelque chose, et les gens ont poussé ça au bout, ce qui permet derrière de nous voir un peu partout sur les médias mainstream, moi je suis sur RMC, d’autres sont sur L’Équipe… Je ne sais pas si ça aurait marché si on était arrivés aujourd’hui. On est arrivés au bon moment, avec les bons codes, et les gens ont kiffé.

Tu conseillerais quoi à un jeune qui aimerait faire comme toi ?

Sincèrement, je ne sais pas du tout, parce que mon parcours est trop atypique. Je dis souvent que j’ai fait un braquage, j’ai eu beaucoup de chance. Il y a 10 ans, je sortais d’un bac pro commerce, et aujourd’hui, je suis sur RMC en train de parler avec des gens qui sont là depuis 25-30 ans, qui ont fait d’énormes études, qui ont fait énormément de terrain, parfois je ressentais même un manque de légitimé par rapport à ça. Et mes parents m’ont énormément aidé aussi, mon papa me mettait 10 euros d’essence tous les matins, même si je bossais, pour aller payer mes écoles. Il te faut du soutien, car tous les matins tu te dis : “Personne voudra de moi, ça va pas marcher, pourquoi tu fais ça ?” Quand je rentre au Club des 5 en 2017, on a 40 viewers, on doit faire des capsules qui marchent pas, il n’y a que des mecs sur Twitter qui se disent : “C’est qui ce mec en costume qui parle fort ?” Il faut être persuadé d’avoir un truc, et se dire que ça va fonctionner. Il y en a plein des mecs en école de journalisme qui ont créé leur chaîne YouTube, leur émission, et ça n’a pas fonctionné. C’est compliqué de conseiller à un petit de faire la même chose, peut-être qu’au bout de deux ans, il va faire des crédits pour une école de journalisme, et derrière il n’aura pas les résultats escomptés. Moi j’ai peur que ce qu’on est en train de faire, la bulle qu’on est en train de mettre en place, peut-être que ça ne va fonctionner que sur trois-quatre mecs. Et surtout, aujourd’hui, le mode de consommation est différent de celui de 2017, où il fallait faire des émissions sur YouTube. Peut-être qu’aujourd’hui, il faut acheter un casque, un micro, être sur Twitch et créer autre chose. C’est assez mouvant. Donc moi, ce que je conseillerais, c’est d’être sincère, d’être soi-même, de s’inspirer aussi de ce qu’il se fait ailleurs, et derrière d’y croire. Mais est-ce que ça c’est une recette miracle ? Je ne sais pas du tout.

Tu aimerais rencontrer qui, débattre avec qui, maintenant ?

J’aimerais bien parler avec Thierry Henry de foot. Je l’ai croisé au jubilé de Mathieu Bodmer, on avait joué dans la même équipe, il était très très sympa, mais je n’ai pas eu l’occasion de discuter plus avec lui. Aussi avec des étrangers comme Pep Guardiola, Marcelo Bielsa… J’essaie de développer ce côté interview au Club des 5, on fait pas mal de contenus qui marchent bien. Comme ce que je te disais tout à l’heure avec les lives Insta, je n’aime pas me mettre dans une routine. Les émissions de débat, c’est bien, mais avoir une légitimité à parler avec les acteurs, d’essayer de comprendre, d’essayer d’avoir un autre ressenti d’observateur, et de se confronter avec les acteurs, c’est mieux.

Un petit jeune que tu nous conseilles de suivre dans le foot ?

Je ne vais pas être original, beaucoup le connaissent, mais ce que fait Lamine Yamal à 16 ans actuellement à l’Euro et au Barça… C’est un joueur qui me fait un peu frissonner, sur ses contrôles, sur sa conception du foot, sur son intelligence de jeu. Je pense que c’est le joueur qu’on va voir sur les 10-15 prochaines années qui va nous faire du bien aux yeux, assurément.

Et toi, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

De continuer d’être privilégié, de continuer de gagner ma vie en parlant de football, en gardant ma sincérité, mon insouciance, de ne pas changer. De rester le même Walid que j’étais en 2017. C’est surtout ça, ma crainte, de me dire : “Est-ce qu’à 40-50 ans, je serai le même ?” Et sincèrement, si je reste le même, en émission, avec la même dalle, aussi passionné, je serai très content.