Top Chef est un concours télévisé avec tout ce qu’implique un concours télévisé : des déceptions, des fulgurances, des gloires soudaines et des gens qui tomberont très vite dans l’oubli. Parmi les fulgurances et les épopées magiques, venues de nulle part, qui ont donné naissance à de nouveaux destins et à de belles histoires, on se souviendra de celles de Jean Imbert ou encore Adrien Cachot. Des parcours dans Top Chef uniques en leur genre, qui ont marqué le public, les jurés et l’histoire du petit écran. Aujourd’hui, on peut le dire, Valentin Raffali entre, lui aussi, dans cette case.
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Notre affection et notre admiration pour Valentin Raffali ne sont pas une nouveauté. On le suit, de près et de loin, depuis l’époque de La Mercerie où il épaulait le chef Harry Cummins, depuis Papa Kim où il mijotait des ramens entre Marseille et Paris, depuis notre longue interview dans le cadre de son portrait dans les Talents of Tomorrow 2023 de Konbini, et depuis nos SMS en fin de soirée, pour savoir si se lancer dans Top Chef, cette année, était une bonne idée, après avoir déjà refusé l’an passé. Alors, consacrer un article à ce jeune chef, à la manière de celui que l’on avait dédié à Adrien Cachot après sa défaite malheureuse en finale de Top Chef en 2020, coulait de source.
Parce que le parcours de Valentin Raffali dans Top Chef est exemplaire et admirable par la sincérité et la spontanéité qu’il a investies dans l’aventure. Dès le départ, Valentin Raffali n’avait pas l’intention de se trahir, de déguiser ses intentions et les valeurs qui l’animent. Il avait encore moins l’intention de brider sa cuisine, de la ramollir, de la ralentir, pour acheter une forme de paix en la rendant plus lisse et, ainsi, moins risquée. Valentin Raffali n’a jamais été quelqu’un d’autre que lui-même : entier, plein, pur, sincère et sensible.
Comme un symbole, c’est justement ce sentiment intrépide, cette liberté et cette prise de risque qui lui auront coûté sa place en finale, lorsqu’il impose une chimère à ses coéquipiers. Mais sans regret, jamais. “À ce moment-là, j’ai envie de faire une chimère, c’est un risque. Je vis tout le temps comme ça. Et le monde ne va pas s’arrêter de tourner parce que ma chimère est foirée. Moi, j’aurai le bénéfice d’avoir essayé”, confie-t-il au Parisien. “Je préfère être dans l’action, c’est ça, se sentir vivant, écouter son cœur, faire ce dont on a envie et en assumer les conséquences, bonnes et mauvaises. Je ne changerai rien, je n’ai pas envie de jouer safe…”
Dès le départ, Valentin Raffali a dessiné les contours et très bien mesuré ses attentes dans sa participation à un tel concours. Si certains viennent y chercher de l’argent pour investir, ou de la notoriété pour bâtir une carrière, lui l’a fait pour d’autres raisons, plus profondes, plus personnelles. Une envie de vivre une expérience unique, de se bousculer, de toucher du doigt la sensation du saut dans l’inconnu, de se sentir vivant en s’imposant un défi un peu fou, et surtout de n’avoir aucun regret de ne pas avoir tenté Top Chef lorsqu’il en avait l’envie, l’âge et l’énergie.
Ce que l’on retiendra de son épopée, aussi, c’est quelque chose qui le dépasse. C’est l’histoire d’une amitié, inattendue, entre trois personnes très différentes, qui se sont trouvées et découvertes entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel où ils passaient des soirées à refaire le monde, à questionner la vie, ses tourments et sa poésie, et parler là de tout, sauf de cuisine. C’est l’histoire de Valentin Raffali, Clotaire Poirier et Jorick Dorignac, devenus amis, et dont la bromance, sincère et touchante, a bercé une partie de la saison de Top Chef.
Et puis, si l’on n’oubliera pas non plus le parcours de Valentin Raffali dans Top Chef, c’est par la leçon de résilience qu’il nous a offerte, à nous tous, chaque mercredi. Une résilience née de la plus injuste des adversités à l’âge enfant, puis une résilience entretenue au fil de ses expériences dans les cuisines de restaurants, tantôt formatrices, tantôt destructrices. Aujourd’hui, grâce à sa cuisine et aussi, disons-le, grâce à l’émission télévisée, la roue a tourné. Et c’est son tour. C’est son moment, celui pour lequel il a tant cravaché, donné et travaillé, depuis l’adolescence.
Alors, Valentin Raffali n’a pas gagné Top Chef, certes. Mais comme on le sait tous désormais, les véritables gagnants de Top Chef ne sont pas vraiment, toujours et forcément, ceux qui tirent le bon couteau à la fin, mais plutôt ceux qui ont réussi à faire de leur aventure, même écourtée, la plus belle des épopées.