Story time : j’ai bravé l’Islande pour “chasser” les aurores boréales

Story time : j’ai bravé l’Islande pour “chasser” les aurores boréales

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Par Flavio Sillitti

Publié le , modifié le

Une histoire pleine de rebondissements, de surprises et de lactose.

Il y a des rêves de gamin qu’on ne s’autorise même pas. Clairement, observer des aurores boréales fait partie de ceux-là pour moi. La magie d’un ciel dégagé, décoré d’un ballet céleste lumineux, qui n’en rêve pas ? J’ai donc débarqué en Islande avec la ferme intention de voir danser les lumières dans le ciel, un rêve qui m’habite depuis que j’ai vu Frère des ours étant gamin. Je vous divulgâche déjà la fin de cet article : ça y est, j’en ai vu, c’est coché sur ma bucket list. Il serait ingrat de ma part de cracher sur ce moment unique et inoubliable, mais il est de mon devoir de vous raconter comme j’ai galéré (genre, vraiment) pour pouvoir les contempler.

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“Tu vois quelque chose, toi ?”

Mon séjour en Islande comporte une soirée de “Northern Lights chasing”. En français, on traduit “chasing” par “chasse”, et je n’aurais jamais imaginé qu’il était possible de “chasser” un tel phénomène, et pourtant : le fameux soir venu, embarqués dans des minibus tout terrain, moi et la joyeuse bande qui m’accompagne traçons sur les routes du pays, aiguillé·e·s par un détecteur d’aurores boréales — oui, ça existe. Quelques heures avant, on s’est rempli l’estomac de mets délicieux et on nous a filé un généreux grog au whisky pour digérer et braver le froid qui nous attendait dehors.

Notre hôtel est à proximité d’un immense lac (le plus grand du pays) au nom imprononçable, le Þingvallavatn. C’est autour de lui qu’on chasse les aurores boréales. Selon mes recherches, le lac est maudit : un bus a pris feu à proximité du lac (zéro mort), un avion s’est écrasé dedans (quatre mort·e·s), deux pêcheurs se sont noyés en y pêchant (deux morts), et un kayakiste belge y a disparu (potentiellement mort). Je suis moi-même Belge, donc forcément j’ai peur. Mais j’essaie d’oublier tous ces morts pour me focaliser sur les aurores boréales.

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Au vu de la chaleur dans le convoi, des routes accidentées de la région et des effluves persistants du whisky, la chasse aux aurores boréales commence sérieusement à tourner dans mon estomac. Pour ne rien arranger, je suis intolérant au lactose, et je n’ai pas pu refuser la crème chantilly qui accompagnait la tarte tatin quelques minutes plus tôt. J’ai chaud, je m’impatiente, et pour être honnête, la neige qui commençait à tomber à la sortie du restaurant m’a rapidement fait réaliser que le ciel couvert ne nous permettrait certainement pas d’apercevoir les aurores boréales.

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Ce soir-là, on rentre donc bredouilles, après une folle épopée en minicar bien chaude et mouvementée. Bonne nouvelle : on réessaiera demain. Cette fois, je me promets de ne pas approcher de lactose.

“Toujours rien ?”

Le lendemain matin, après une bonne journée de repos dans des sources chaudes proches de Reykjavik (histoire de me remettre de mes émotions de la veille), on retente le coup. Cette fois, on se met moins de pression, on sait désormais que les aurores boréales ne sont pas si faciles à voir. J’approche cette nouvelle chasse aux aurores boréales avec moins d’attente — mais bon, quand même un peu.

Au début de notre nouvelle tentative, l’espoir est là : sur une échelle dont je n’ai pas tout à fait compris les paramètres, on a six chances sur dix d’apercevoir des aurores boréales ce soir. Six, c’est un bon score. On embarque à nouveau dans nos minibus et c’est reparti pour un tour. Cinq minutes, vingt minutes, une heure plus tard, même pas une étoile dans le ciel.

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Heureusement, la playlist est bonne, et le chauffeur nous gâte de plusieurs tubes de la pop pour nous remettre du baume au cœur. On rentre à l’hôtel, et je propose au groupe de voler des photos d’aurores boréales sur Internet, de les partager sur nos réseaux sociaux et de garder le secret entre nous. Personne ne rit. Oh, ce n’est pas trop grave, on reviendra en Islande pour les revoir. Et puis, je suis certain que c’est surfait, les aurores boréales. *se mouche le nez et essuie ses larmes* Je me couche assez tôt, l’âme en peine.

“Je suis en short, bordel”

C’est là que le miracle se produit. Un guttural “GET UP!” me réveille de mon demi-sommeil, et je comprends assez vite que quelque chose se passe dehors. Il doit être 1 heure et demie de matin, le ciel est bien dégagé (alléluia !) et là, au-dessus de l’hôtel, des aurores boréales seraient en train de danser dans le ciel. Je suis dans le coaltar, j’attrape ma paire de UGG Xtreme salvatrices et mon manteau bien rembourré, je me précipite dehors et je lève la tête.

Rien que pour vous, après m’être remis de mes émotions, j’ai rejoué la scène de mon réveil brutal face caméra pour vous donner une idée du chaos du moment. Vous remarquerez au passage le jeu d’acteur. Ne me remerciez pas.

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C’est magique, tout le monde s’extasie, jusqu’à ce que le “oh my god” de ma camarade (bien audible sur la vidéo) me fasse remarquer un détail glaçant : il fait moins 5 degrés Celsius et je suis en short, bordel. Malgré mon corps tétanisé et le changement de mes poils de jambes en stalagmites, le moment ne perd rien de sa magie. Il y a quelque chose d’unique dans ce qui se passe, et j’en profite jusqu’à mes dernières ressources d’énergie thermique.

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Je rentre dans ma chambre pour me changer en deux temps trois mouvements, m’équipe d’un pantalon plus adapté, et je gravis les montagnes environnantes pour mieux voir le spectacle au-dessus de ma tête. Je pleure. Pas de froid, ma veste est trop chaude pour ça, et, surtout, j’ai un pantalon, maintenant. De fatigue, peut-être, ou du lactose de la veille ? Je pleure peut-être tout simplement d’émotion. Je ne sais pas trop. Mais je pleure un peu, et ça fait du bien. Je sors mon téléphone, tiraillé entre l’envie de profiter au maximum de ce qui se joue à travers ma rétine, ou l’envie de l’immortaliser à travers la lentille de mon iPhone. Je craque pour la deuxième option. Oups.

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“Le plus beau, en Islande, c’est tout le reste”

Le lendemain, dans le taxi qui m’amène à l’aéroport direction Paris, alors que je me remets encore de mes émotions de la nuit passée, j’échange avec mon chauffeur Tony (il ne s’appelle pas vraiment Tony mais ça lui va bien) sur cette étrange obsession collective autour des aurores boréales, et surtout sur sa face cachée : le froid, l’attente, la désillusion parfois. Il me partage : “Quand on a de la chance, les aurores boréales arrivent. Et même quand elles sont vraiment belles, peut-être qu’elles ne sont pas aussi belles qu’on l’a espéré, tout ça parce qu’on a tellement galéré à les voir que nos attentes sont parfois trop hautes. Et puis, selon moi, le plus beau en Islande, ce ne sont pas les aurores boréales, c’est tout le reste”.

Alors que les mots de Tony résonnent dans ma tête, je jette un coup d’œil par la fenêtre pour observer les paysages grandiloquents, ce lac “maudit” qui m’a fait rêver tous les midis, les routes enneigées et les paysages blancs à perte de vue, le soleil éphémère et éclatant dans le ciel, et je me dis que peut-être que c’est vrai, après tout : les aurores boréales, c’est surfait. Du moins par rapport à tout le reste de ce que l’Islande a à offrir. Du coup, si vous aussi vous voulez vous aventurer dans le Grand Nord à la poursuite des aurores boréales, n’oubliez pas de baisser la tête de temps en temps, sans quoi vous risqueriez de rater l’essentiel.

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Petit point mode : pour lutter contre le froid, j’ai misé sur des sous-vêtements HeatTech de chez Uniqlo (ces miracles peuvent sauver des vies) et, par dessus, j’ai opté pour le tandem chaussures et veste UGG Extreme, nouvelle gamme de votre marque de chaussons préférée, qui m’a permis de transpirer même dans le froid le plus polaire — tout en étant très stylé.

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Si j’ai pu chasser les aurores boréales, c’est grâce à une invitation à un voyage presse organisé par UGG et l’agence Karla Otto pour tester les boots et les doudounes de la marque. Bonne nouvelle, j’étais très bien habillé et je n’ai pas eu froid du tout (sauf quand j’ai oublié d’enfiler mon pantalon).