Le gouvernement reproche à la mairie écologiste de Lyon d’imposer un menu sans viande dans les cantines scolaires. Celle-ci défend un choix lié aux contraintes sanitaires, déjà fait l’an dernier par l’ancienne municipalité sans choquer personne.
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La polémique a été lancée par l’opposition de droite au conseil municipal. “Cette manière d’asséner un choix, sans aucune alternative possible, est proprement inadmissible”, s’est indigné jeudi son chef de file Étienne Blanc, candidat malheureux à la mairie l’an dernier.
“Dans la ville de la gastronomie, la majorité écologiste profite de la crise sanitaire pour faire passer des mesures idéologiques sans aucune concertation”, a déclaré Béatrice de Montille, élue LR dans le 3e arrondissement.
La mairie a expliqué qu’à la demande de l’Éducation nationale, une distanciation de deux mètres devait être respectée entre les enfants à la cantine, ce qui revient à faire manger moins d’élèves en même temps à partir de lundi, jour de rentrée dans la région.
Le recours temporaire au menu unique vise à fluidifier le service afin que tous les repas – 29 000 par jour – puissent être servis durant le temps du déjeuner, étalé de 11 h 30 à 13 h 45.
“Du bon sens pratique”
Sans viande mais avec œufs et poisson, ce menu “reste équilibré” et permet “de n’exclure aucun enfant”, a affirmé l’adjointe à l’Éducation, Stéphanie Léger, encartée dans aucun parti. “C’est tout simplement du bon sens pratique”, s’est justifié le maire EELV, Grégory Doucet. En rappelant, au passage, que le même choix avait été fait à la sortie du premier confinement, au printemps dernier, par la précédente équipe de Gérard Collomb.
À défaut de viande, personne n’avait alors décelé la moindre idéologie dans les assiettes. “Que la droite qui s’est alliée à mon prédécesseur au moment des municipales en juin crie à l’idéologie aujourd’hui me fait sourire”, a ajouté Grégory Doucet vendredi soir sur Franceinfo.
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De nombreux élus ont affiché leur désaccord
La polémique a pris une tournure nationale ce week-end, des membres du gouvernement sont montés au créneau.
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Son collègue des Comptes publics, Olivier Dussopt, a fustigé dimanche “un choix antisocial et doctrinaire”. “Je suis toujours pour qu’on laisse le choix aux élèves. Il ne faut pas que ce soit une décision idéologique”, a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, interrogé lors de l’émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
“Arrêtons de mettre de l’idéologie dans l’assiette de nos enfants !”, a lancé sur Twitter le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, précisant avoir saisi le préfet du Rhône.
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Cette saisine se fonde sur un arrêté de 2011 fixant les règles nutritionnelles dans la restauration scolaire, selon lequel “au moins quatre repas”, sur vingt consécutifs, doivent être servis “avec, en plat protidique, des viandes non hachées de bœuf, veau, agneau ou des abats de boucherie”.
Interrogé sur l’absence de réaction l’an dernier, le cabinet du ministre a évoqué “une vraie différence de situation entre mai et maintenant” : “Nous ne sommes plus dans une situation d’urgence, face à une situation exceptionnelle.”
Jeudi, dans un entretien avec l’AFP, Julien Denormandie a appelé les élus locaux à “faire le pari” de la viande de jeune bovin dans les menus scolaires, afin de soutenir des éleveurs.
À Lyon, au-delà de la polémique, l’exécutif veut profiter de l’échéance prochaine du contrat d’Elior, groupe de restauration collective titulaire de la délégation de service public, pour consommer “plus local, plus végétal et durable” dans les cantines scolaires.
Une politique qui va dans le sens du “plan protéines végétales” mené par le gouvernement, selon Grégory Doucet.
Konbini news avec AFP